«1er Amour», le 1er film de fiction de Guillaume Sylvestre – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«1er Amour», le 1er film de fiction de Guillaume Sylvestre

«1er Amour», le 1er film de fiction de Guillaume Sylvestre

Premières expériences

Publié le 22 juin 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Les Films Séville

Une île recluse, des vacances en famille, une voisine libertine et un jeune homme naïf et sans malice, voilà les éléments nécessaires pour donner lieu à un 1er Amour, sûrement le plus cruel d’entre tous. C’est à cet âge ingrat et sur cette expérience traumatisante que s’est basé le réalisateur Guillaume Sylvestre pour créer sa première œuvre de fiction mettant en vedette pour la première fois au grand écran Loïc Esteves. Prennent également part à la distribution Marianne Fortier, Macha Grenon, Benoît Gouin et Sylvie Boucher dans ce film léger mais au lourd secret.

Qui dit vacances d’été et île bucolique dit paysages à faire rêver. Et c’est réussi pour 1er Amour, qui comporte une direction de la photographie soignée et lumineuse. Les scènes du long-métrage étant entrecoupées d’images diverses de la nature, qu’elles montrent chenilles, araignées, oiseaux ou simplement le vent dans les hautes herbes, il est difficile de ne pas se laisser emporter par la beauté du visuel. Amenant impression de légèreté et douce sensation qu’on aurait après avoir vu un petit film d’été sympathique, le long-métrage est trompeur, puisqu’il comporte plutôt une trame de fond assez lourde.

C’est en effet un premier amour déchirant qui se dévoile sous nos yeux et de façon unilatérale entre Antoine (Esteves), 13 ans, et sa voisine estivale Anna (Fortier), 17-18 ans. Alors que la belle saison et le décor idyllique sont parfaits pour tomber en amour, Antoine apprendra à ses dépens que les rapports amoureux et les relations familiales sont plus complexes qu’ils n’y paraissent. Dépassé par les évènements qui vont trop vite, et surtout trop loin pour lui, Antoine se réfugiera à l’intérieur de lui-même. C’est donc un Loïc Esteves au regard triste et profond qui se découvre dans 1er Amour, un jeune acteur au jeu nuancé que Sylvestre a eu raison de cadrer serré.

Si la distribution adulte est impressionnante, c’est véritablement les deux adolescents qui en imposent avec leur présence à la fois fragile et bien ancrée. De toute façon, c’est majoritairement la vision de l’enfance qui est dépeinte dans ce premier film de Sylvestre. Les tourments d’Antoine, ses lubies, de même que ses émotions sont l’unique point de vue étudié, ce qui justifie l’apparition de Loïc Esteves dans presque chaque scène de 1er Amour, ce qui, à son tour, explique l’inégalité du jeu du jeune homme, sans qu’il tombe pour autant dans le «sur-joué». Marianne Fortier, quant à elle, se révèle en tant que femme, après Maman est chez le coiffeur, et fait preuve d’une grande force, de jeu autant que de caractère.

Comme un Dans la maison de François Ozon en version québécoise, 1er Amour exploite le voyeurisme à son maximum, alors qu’Antoine use toutes les façons inimaginables d’espionner sa voisine, de se faufiler toujours plus près et de regarder sans rien dire. C’est d’ailleurs grâce à une grande économie de mots que le film touche, laissant la place aux émotions. Toutefois, la superficialité avec laquelle le sujet est abordé, le fait que les problèmes des adultes ne soient qu’effleurés et que les réactions après le rebondissement, aussi inattendu soit-il, ne soient qu’entrevues, nous laissent sur notre faim. Ce lourd secret, cette lourde peine sont bel et bien pesants pour Antoine, mais au final, tout le monde est concerné et trahi d’une certaine façon. Il est donc dommage de se concentrer uniquement sur la naïveté d’un enfant, erreur que ne faisait pas le récit du Russe Ivan Tourgueniev, duquel est librement adapté 1er Amour.

Malgré la mystérieuse présence de Pierre-Luc Brillant dans la distribution qui, sans qu’on ne sache jamais réellement qui il est, pourrait bien être un rival d’Antoine, le jeune homme doit réellement avoir des yeux tout le tour de la tête pour garder un œil sur les fréquentations de son premier amour. Avec Antoine Desrochers et Jean-Alexandre Létourneau aussi au générique, Anna ne manque pas d’hommes dans son entourage, mais un seul pourra la conquérir. C’est le huis clos sur une île, ses hautes herbes qui permettent si bien de se cacher et son soleil ardent qui force les rapprochements. Mais si ce rapprochement est temporaire, l’éloignement qu’il créera sera, lui, permanent, puisqu’un 1er Amour rime nécessairement avec la perte de l’innocence.

«1er Amour» de Guillaume Sylvestre sort en salles vendredi le 21 juin 2013.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début