«Guano» de Louis Carmain – Bible urbaine

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«Guano» de Louis Carmain

«Guano» de Louis Carmain

Une idéologie contemporaine sur toile de fond historique

Publié le 13 décembre 2013 par Sandra Felteau

Crédit photo : L'Hexagone

Finaliste du Prix des collégiens et du Grand prix littéraire Archambault, Louis Carmain a le vent dans les voiles. Avec Guano, l’auteur nous fait voyager au Pérou pendant la guerre hispano-sud-américaine, au XIXe siècle, alors que les Espagnols ont tenté de s’emparer des îles Chincha. Avec un regard détaché sur les évènements et un ton légèrement satirique, Carmain nous imprègne des menus détails de cette expédition espagnole à travers les yeux et les écrits d’un jeune lieutenant qui a pour tâche de rédiger les documents officiels du Triunfo, un des navires de la flotte espagnole.

Simon Christiano Claro utilise sa plume pour enjoliver les faits quotidiens de la guerre; ainsi, vue de l’Espagne, l’expédition semble plus théâtrale et impressionnante, en même temps de lui procurer le sentiment que ce qu’il vit est plein de rebondissements, alors qu’en général les évènements sont assez banals.

Montse Sanchez Ortuno est déjà âgée pour l’amour. La trentaine entâmée, la belle rousse n’a jamais rencontré un homme qui lui plaisait assez pour sortir de sa solitude. Et voilà que ces deux-là se rencontrent dans un événement mondain, aspirés l’un à l’autre le temps de cette soirée, mais aussitôt refroidis par la distance et la peur de vivre l’amour au quotidien.

Par la suite, même si Simon ne reverra plus jamais cette dame à la chevelure de feu, elle accompagnera chaque page de son odeur d’épices. Carmain nous présente donc un personnage qui préfère idéaliser l’être aimé que de le connaître véritablement, même si les opportunités ne manquent pas.

Mis à part cet «amour» qui occupe Simon, le récit relaté par un narrateur à la fois externe et interne (en utilisant le «on», il inclut à la fois le lecteur et celui qui raconte, mais le référent de ce pronom peut s’interpréter de diverses façons) ajoute une saveur particulière à l’écriture de Louis Carmain. Parfois précieuse, parfois familière, la langue de l’auteur est vraiment unique et nous a fait sourire souvent, dépeignant des personnages toujours un peu – ou beaucoup! –  ridicules.

Si Hemingway disait que l’écrivain doit être actif plutôt que passif, l’idéologie du narrateur de Guano semble nous transmettre ce même message en nous présentant justement des personnages opposés à cette idée. Malgré une légère déception face à l’attitude très passive de Simon et Montse, Louis Carmain signe un premier roman fascinant et très original.

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