«Broken City» de Allen Hughes: à force de jouer au malin... – Bible urbaine

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«Broken City» de Allen Hughes: à force de jouer au malin…

«Broken City» de Allen Hughes: à force de jouer au malin…

Publié le 18 janvier 2013 par Jim Chartrand

La corruption est un sujet dont la popularité ne s’amenuise pas avec le temps puisqu’il semble toujours d’actualité. Par contre, de toutes les propositions que le cinéma a bien pu nous livrer, Broken City est probablement de loin la plus bête.

L’un des frères Hughes, ceux derrière les bédéesques et divertissants From Hell et The Book of Eli, s’est départi de sa moitié pour se lancer dans un sujet un tantinet plus sérieux sans toutefois être nécessairement plus ambitieux. Démuni du côté plus divertissant quoique toujours aussi pompeux, le problème majeur de Broken City c’est de toujours se penser plus malin que le voisin, alors que chacun de ses détours donne lieu à une véritable farce. Avec des revirements de situation qui crient au scandale tellement ils s’avèrent prévisibles et la majorité du temps improbables, tout se produit sans surprise et sans émotion, alors que tout s’enfile comme sur des roulettes, et ce, toujours bien arrangé avec le gars des vues.

Comme quoi, cet ex-cop rongé par un lourd secret, désormais enquêteur privé sur le bord de la faillite, affilié plus souvent qu’il ne le souhaiterait avec le maire corrompu de la ville, enfile les alliances et les relations environnantes avec un désintérêt grandissant qui nous habite du début jusqu’à la fin. Cela aurait pu être un tantinet plus acceptable, mais c’est constamment lancé et dicté avec un sérieux aberrant qui balance difficilement avec les rares touches d’humour volontaires qui contrastent difficilement à celles, involontaires, qui tapissent le récit.

On veut donc essayer d’opter pour la théorie du complot et de construire un suspense qui mène à une conclusion qui nous laisse bouche bée, mais le pilote automatique sur lequel sont confinées les vedettes nous laisse plus de temps pour s’ennuyer et déceler les éléments qui font défaut, puisque c’est décidément là qu’on se fait le plus plaisir. De la représentation des nouvelles télévisées qui ressemblent à des PowerPoint mal édités, jusqu’au film amateur que même un groupe étudiant n’aurait pas réalisé, il y a ce parallèle troublant entre la certaine compétence que le film présente dans sa production et son autre incapacité à être entièrement sérieux et dévoué face au projet dans lequel il s’embarque.

Si d’avoir choisi Mark Wahlberg comme acteur principal laissait certainement présager un ton bouffon, on aurait souhaiter mille fois mieux à ce que le tout s’aventure davantage dans les plate-bandes de We Own the Night, mais même avec la présence de Russell Crowe, qui semble toujours à deux doigts de grogner comme dans Les Misérables, on n’est même pas prêt de donner dans le State of Play. L’un des plus proches parents qu’on peut avancer est donc l’absurde The Son of No One, alors que le Broken City de Hughes semble à nouveau ruiner une distribution composée d’une brochette de comédiens émérites des plus alléchantes. Ni Jeffrey Wright, Kyle Chandler, Barry Pepper ni même Catherine Zeta-Jones ne parviennent à sauver le long-métrage du naufrage, alors qu’il s’enfonce toujours plus dans la désolation à mesure qu’il avance et nous force à atteindre ses presque deux heures.

On échappera donc quelques rires ici et là, on verra le tout comme un divertissement simpliste, et on restera surtout scotché musicalement grâce à la trame sonore relativement intéressante composée en partie par Atticus Ross, mais pour le reste, on préférera oublier un tel film, tout comme son existence, en retournant davantage aux potins de nos propres villes qui, contre toute attente, s’avèrent certainement plus palpitants que ce qui nous est proposé ici.

Broken City de Allen Hughes est en salle à compter d’aujourd’hui.

Appréciation: **½

Crédit photo: Eone

Écrit par: Jim Chartrand

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