«Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars» au Musée des beaux-arts de Montréal – Bible urbaine

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«Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars» au Musée des beaux-arts de Montréal

«Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars» au Musée des beaux-arts de Montréal

Étonnant et ravissant

Publié le 21 juillet 2014 par Isabelle Léger

Crédit photo : Virginia Museum of Fine Arts

Maintenant que l’été est bien entamé, que notre brûlant désir de soleil et nos impérieuses envies de terrasse sont, sinon assouvis, à tout le moins apaisés, le moment est venu de s’absenter des festivals pour faire un saut au musée. Rare incursion dans le monde révolu, mythique des tsars de Russie, l’exposition Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars en provenance du Virginia Museum of Fine Arts offre au visiteur l’occasion de faire un pont entre l’histoire politique et l’histoire sociale. Cette collection de bijoux, de bibelots et d’articles de maison élevés au rang d’objets d’art est présentée en exclusivité au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).

Fils de bijoutier né en 1846, Carl Fabergé devint fournisseur officiel de la Cour impériale dès 1885, sous le règne d’Alexandre III. Ce dernier avait déjà pour principe d’établir et d’affirmer le caractère distinct de la manière russe en regard de l’Europe, volonté qui se traduisit entre autres par l’ornementation et les arts décoratifs. C’est donc lui qui éleva l’œuf de la pâque orthodoxe au rang de symbole et d’objet d’art. Ce sont toutefois surtout des objets de l’époque de son fils Nicolas II, dernier tsar couronné en 1896 et assassiné en 1918 avec sa famille, que l’exposition donne à voir.

La visite débute par une collection d’œufs miniatures montés en pendentifs, sorte de hors d’œuvre annonçant les pièces de résistance que sont les fameux œufs de Pâques impériaux. Ces petits bijoux, au sens propre comme au figuré, donnent déjà un aperçu de la grâce et de la créativité caractérisant les objets commandés à l’atelier Fabergé. Dans cette première salle est aussi exposée une série d’icônes byzantines classiques encadrées par Fabergé. On n’en parlerait pas nécessairement si ce n’était que les vitres sont si mal nettoyées, si bariolées que le visiteur doit se déplacer à plusieurs reprises pour pouvoir les admirer. Détail anodin, mais fréquent au demeurant au MBAM.

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2.

Jalonné par les quatre trésors que sont les œufs impériaux, le parcours expose tout un éventail de jolis bibelots – bestiaire d’ivoire et fleurs de métal qui montrent bien le goût moderne de la société russe – et d’articles utilitaires – sceau, pommeaux de canne et poignées d’ombrelle, étuis variés, encrier, service à café et coupe à sorbet assortie de sa soucoupe et de sa cuiller (coup de cœur de votre humble reporter, mais malheureusement sans photo).

De manière générale, les quelque 240 pièces présentées sont faites soit d’émail et de vermeil (argent doré), de cristal de roche, d’or et d’argent, et encore d’ivoire, de néphrite et de quartz, ornées de diverses pierres précieuses, de perles, de diamants. La grande variété des matières est certainement représentative non seulement de la richesse de la famille impériale, mais également du degré de raffinement technique de l’orfèvrerie atteint au tournant du siècle.

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3.

Évidemment, les quatre précieux œufs représentent à eux seuls la quintessence de ce raffinement, mais également la mentalité de la cour russe à l’aube du nouveau siècle. Ainsi, le portrait du tsarévitch Alexis, niché dans l’œuf de lapis-lazuli et d’or, montre l’enfant non pas en tenue royale, mais en tenue de matelot. Ce choix est représentatif de la rencontre entre l’intime et le public observée dans les cadeaux que le tsar offrait à sa femme ou à sa mère. La sobriété du dernier œuf (1915), dit de la Croix-Rouge, incarne tant la responsabilité et la reconnaissance de la famille que son devoir de retenue en période guerre.

Bref, si cette exposition n’a pas le glamour de certaines expositions estivales passées, elle n’en est pas moins équilibrée du point de vue des découvertes et de l’éblouissement. Les textes introduisant chaque section sont instructifs et bien écrits (pas de fautes d’orthographe notées cette fois-ci). Ils valent la peine d’être lus si l’on choisit de faire la visite sans audio-guide.

L’exposition «Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars» est présentée jusqu’au 5 octobre 2014 au Musée des beaux-arts de Montréal. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site web du musée.

Crédit: 1. Œuf de Pâques impérial dit Le Tsarévitch, 1912. Lapis-lazuli, or, diamants, cristal de roche, aquarelle, ivoire. Photo Katherine Wetzel. 2. Bouledogue français, vers 1900. Aventurine, quartz, or, émail, émeraudes. Photo . 3. Coupe de l’amitié, 1899-1908. Vermeil, émail, grenats. Photos 1 et 2 Katherine Wetzel, photo 3 Travis Fullerton. © Virginia Museum of Fine Arts.

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