«Paranormal Activity: The Marked Ones» de Christopher Landon – Bible urbaine

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«Paranormal Activity: The Marked Ones» de Christopher Landon

«Paranormal Activity: The Marked Ones» de Christopher Landon

L'épidémie du ridicule

Publié le 3 janvier 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : Paramount Pictures

Sur le plan cinématographique, janvier est le mois de l'année où les studios sortent leurs poids plume qui s'avèrent souvent être de piètres films d'horreur. Près de sept ans plus tard, voilà que nous arrive un étrange dérivé de la franchise Paranormal Activity qui prouve sans conteste que le concept appartient définitivement à une autre époque.

Le principe est d’une simplicité déstabilisante: une famille en apparence toute simple est soudain aux prises avec d’étranges phénomènes dits «paranormaux», qui élèvent subtilement la tension dramatique vers des sommets de plus en plus terrifiants, pour ne pas dire horrifiants.

Après un premier volet qui utilisait efficacement le principe du found-footage movie, le second poussait ses ambitions et ses audaces aux mauvais endroits. Ensuite, avec surprise, est apparu le troisième opus entre les mains des deux cerveaux derrière le brillant documentaire Catfish, Henry Joost et Ariel Schulman, qui ont su mener la franchise vers ses plus belles limites.

Malheureusement, en reprenant les devants avec un quatrième chapitre, malgré une ingénieuse utilisation de la console Xbox de Microsoft, la formule s’est sans conteste essoufflée en tentant de lier toujours plus loin les éléments de chacun des chapitres vers un concentré de moins en moins convaincant, des histoires de culte satanique et de sorcellerie s’ajoutant bizarrement au lot.

Après plus d’un an de répit, alors qu’on nous avait habitués depuis le deuxième volet à une cadence d’un film par année comme à l’époque des Saw, on nous revient à une époque bien éloignée de l’Halloween pour un film qui, a priori, semble bien distant de la franchise d’origine. D’abord, bien qu’écrit et réalisé par celui qui a écrit tous les autres, excepté le premier, on éloigne le principe de la famille et on s’intéresse à une bande d’adolescents latinos. Pire encore: on abandonne l’idée des caméras de surveillance au profit d’un film banal tourné grâce à des caméras à l’épaule comme on en a trop vu dernièrement.

Le résultat se présente donc comme une ambiguïté pure. S’il n’y a jamais eu autant d’actions, de rebondissements et de revirements dans un Paranormal Activity (de quoi tuer à petit feu toutes les bases mêmes du concept, mais satisfaire les spectateurs qui aiment avoir leur dose d’adrénaline), on regrette amèrement que le tout ressemble à un croisement douteux entre Chronicle, Project X et, dans le pire des cas, à l’insipide The Devil Inside.

La tension horrifique a beau s’inspirer des précédents opus (on tente encore de s’amuser avec le spectateur, notamment avec un jouet pour enfant possédé qui ne mène finalement nulle part), on doit quand même subir une pléthore de moments agaçants où les jeunes font les cons ou font face à des expériences qui dépassent leur propre logique. Du coup, pour cacher les failles évidentes du scénario (ou pour ne pas dire son absence), on essaie de nous en mettre plein les yeux avec des effets spéciaux qui, jusqu’ici, avaient pourtant toujours misé sur une ingénieuse subtilité ou, du moins, sur un sens inné de la surprise.

Ici, on accumule maladroitement la lévitation, les yeux noircis, les longs cheveux noirs, qui s’égarent des Ringu et Dark Water de ce monde, les parasites corporels et on en passe pour ne jamais développer aucun de ces éléments, si ce n’est un intriguant mais complètement inutile passage de voyage temporel (vous avez bien lu).

Ainsi, si les dernières minutes offrent bien quelques rires machiavéliques en tant que spectateur qui suivent avec curiosité la franchise depuis ses débuts, en livrant enfin les clins d’oeil qu’on attendait impatiemment, on doit admettre que ce volet, que ce soit en tant que film unique ou de partie soi-disant cohérente à la série, ne fait aucun sens.

L’histoire de base n’offre aucun intérêt (les pourquoi? sans réponses s’accumulent tellement qu’on perd le fil de nos propres réflexions) et, plus ça avance, plus on essaie de rassembler ces imbécillités aux histoires de sorcellerie de la veille (tout comme le fameux sigle du triangle avec un oeil à l’intérieur), qu’on ne parvient plus à joindre les deux bouts vu que c’est effectué de façon trop forcée.

Sachant que le cinquième volet officiel doit prendre l’affiche d’ici la fin de l’année, espérons avec force qu’il livrera enfin la conclusion tant attendue, puisqu’en 2014, il est peut-être tant de passer à autre chose. Afin de débuter l’année en beauté, il est peut-être mieux de se tourner vers les excellents longs-métrages de l’an dernier qui sont encore à l’affiche dans les salles sombres..

«Paranormal Activity: The Marked Ones» prend l’affiche ce vendredi 3 janvier 2014.

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