«Ronds-points» de Canailles – Bible urbaine

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«Ronds-points» de Canailles

«Ronds-points» de Canailles

Taper des mains sur un chemin de gravelle

Publié le 15 avril 2014 par Andréanne LeBel

Crédit photo : Grosse Boîte

Canailles revient cette année avec un tout nouvel album aux sonorités trash-folk intitulé Ronds-points. Le groupe, composé de huit musiciens, avait par ailleurs commencé à dévoiler quelques nouvelles chansons en spectacle lors de sa plus récente tournée. De passage à Rivière-du-Loup en mai dernier, le public avait eu la chance d'entendre «Cœur de gawa», la deuxième chanson de Ronds-points.

La musique de la formation montréalaise se démarque par son énergie contagieuse et ses paroles que l’on pourrait décrire comme du «folk de campagne». Sur ce nouvel opus, les membres n’ont pas peur de se mouiller et, la preuve, c’est que les voix s’alternent toujours avec cette tonalité rauque prouvant qu’ils assument complètement leur style, le «bluecrass».

D’ailleurs, sans être vulgaires à outrance, les paroles vont droit au but et s’avèrent être par moments directes et grivoises, mais jamais dans la démesure. «Ça me prend une femme de trail qui aime ça rouler dans gravelle / Ça me prend une femme de bois qui me dit envoèye par là / Le cutex qui dépasse, elle se permet un p’tit gaz / Ça me prend une femme comme ça, qui a un coeur de gawa». Cette honnêteté est somme toute rassurante pour l’auditeur parce que vraie et naturelle.

Il faut aussi souligner l’effort d’écoute qui est nécessaire pour les musiciens afin qu’on entende les huit instruments convenablement. Les arrangements sonores permettent à l’auditeur de bien saisir toutes les couches musicales. Contrebasse, banjo, mandoline, guitare et accordéon se donnent habilement la réplique, fortifiés par les chœurs.

Toutefois, la route devient parfois cahoteuse, même pour les groupes les plus trash. La faiblesse de l’album Ronds-points se situe principalement dans son manque de diversité mélodique et de progression musicale. On ressent une impression de redondance au niveau des accords qui est présente à quelques reprises lors de chansons plus calmes. On peut le remarquer dans les pièces «Poisson d’avril», «Berceuse pour les plantes» et «Les grands élans», qui possèdent des progressions musicales semblables.

C’est un disque plus down-tempo que le précédent, qui comprend quelques ballades comme la pièce «Les grands élans» ou encore «Ronds-points», ponctuées d’autres chansons un peu plus rythmées comme «Texas» et «Coeur de Gawa», à l’occasion festives, même. La chanson conviviale «Fromage» dure une dizaine de minutes et donne l’impression d’assister à un gros jam collectif de la part des musiciens. On dirait que le groupe Canailles souhaite pousser la musique campagnarde à l’extrême et cela leur sied fort bien.

La pièce incontournable de cet album est définitivement la chanson «Cœur de gawa» pour l’harmonisation des chœurs, la progression des accords, le rythme endiablé des percussions et surtout le chant principal rauque et si distinctif de Canailles.

Au final, si Manger du bois, sorti en 2012 était un album avant tout festif, Ronds-points serait davantage un album de lendemain de veille, avec certaines pièces qui prouvent que la bande sait comment lâcher son fou.

Le spectacle-lancement de l’album Ronds-points de Canailles se tiendra le jeudi 17 avril prochain au Cabaret du Mile-End à Montréal dès 21h30.

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