«White House Down» de Roland Emmerich – Bible urbaine

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«White House Down» de Roland Emmerich

«White House Down» de Roland Emmerich

Rires et chaos

Publié le 28 juin 2013 par Jim Chartrand

Crédit photo : Sony Pictures

Tourné entièrement à Montréal, White House Down, en version française Maison-Blanche en péril, vient démontrer à nouveau qu'il n'y a personne qui maîtrise mieux le film de catastrophes que Roland Emmerich. Loin d'avoir la même prétention que Michael Bay, Emmerich est surtout là pour offrir à son spectateur un pur divertissement des plus agréables et assumés.

Independance Day, The Day After Tomorrow, 2012, Godzilla, nommez-les. Outre son film précédent Anonymous, qui revisitait étrangement les origines de Shakespeare, le nom de Roland Emmerich est très souvent associé à tout ce qui concerne la destruction. Après s’être attaqué à la fin du monde elle-même, voilà qu’il retourne à ses origines et revient s’amuser un peu du côté des États-Unis et de son fameux patriotisme.

L’histoire n’a par contre rien de bien nouveau: une attaque terroriste vise directement la Maison-Blanche et, en quelques secondes, l’ordre fait place au chaos alors que plus personne ne sait comment réagir pour régler la situation, laquelle ne semble qu’empirer au fil des secondes. C’est le charismatique Channing Tatum qui incarne le protagoniste John Cale, un homme sans véritable avenir, qui veut devenir agent de sécurité privé du président des États-Unis, mais qui se fait montrer la porte avant même de pouvoir commencer son mandat. Bien évidemment, l’attaque a lieu quelques instants suivant son entrevue.

Après nous avoir fait endurer une introduction un peu trop longue (nul besoin de creuser la psychologie des personnages dans ce genre de film où tout risque de péter d’une seconde à l’autre!), l’avenir et les destins des personnages se trouvent transformés et on crée instantanément des héros d’un jour au fil des minutes, alors que John se retrouve à protéger personnellement le président et sa fille, pour ainsi devenir le point central reliant l’intérieur et l’extérieur, et ce, grâce à son courage, sa détermination et… son téléphone portable!

Au-delà de ce spectacle à grand déploiement qui glisse aisément dans l’action trépidante et qui ne nous laisse que très peu de temps pour souffler, Emmerich en profite pour y insérer de grasses réflexions sur notre époque moderne. Que ce soit notre rapport à la technologie ou notre spontanéité à effectuer certains choix qu’on peut adopter sur un coup de tête, chaque situation, aussi grossière soit-elle, semble avoir trouvé sa raison d’être dans ce scénario réglé au quart de tour, qui présente malgré tout un nombre inévitable d’invraisemblances.

Il faut dire qu’à la mi-chemin le cinéaste n’a pas fini de nous impressionner. Alors qu’il ne s’est jamais privé pour situer la menace de l’extérieur ou pointer les autres lorsqu’il s’agit de terrorisme, nul doute que l’intention de départ n’était pas de chercher à faire ressortir les discours sur les guerres froide ou mondiale, ou même ces liens tendus avec les Coréens que la plupart des films américains semblent mettent en scène. À défaut d’être très original, voilà que le long-métrage apporte une tout autre supposition: et si le plus grand danger pour les États-Unis se trouvait finalement à l’intérieur? Et si la plus grande menace que les Américains ont à craindre était… eux-mêmes?

En usant d’un nombrilisme à double tranchant, White House Down nous défile devant les yeux un scénario qui profite des clichés assumés et empilés pour contourner le chemin habituel et lui donner un sens qui ne manque pas d’audace, alors qu’au bout du compte on nous emmène quand même à la même ligne de départ, à savoir celle du patriotisme.

Il n’empêche, on ne peut cacher qu’Emmerich a un sens de l’humour aiguisé. Tout ici est placé sous le signe du divertissement et il conçoit avec minutie des personnages animés et amusants qui sont bourrés de petits tics qui créent de fascinants leitmotive. Avec son lot de répliques cinglantes et de situations qui semblent toujours arriver à point, on retrouve ici le film popcorn par excellence pour rafraîchir l’été le temps d’un deux heures et quart bien fournies en émotions fortes. D’autant plus que sa belle distribution mélange les vedettes et les inconnus, leur permettant ainsi d’offrir de fort agréables performances, tout en démontrant le grand terrain de jeu que représente un tel film, autant pour la distribution que pour les spectateurs.

Du coup, on ne pourra jamais s’avouer qu’il s’agit ici d’un film intelligent mais s’en priver serait définitivement une erreur. White House Down est un tel plaisir coupable que son appréciation est instantanée. Avec ses effets spéciaux qui sonnent parfois faux, ses situations rocambolesques, ses revirements, ses tombées de masques un peu poussées et sa forte dose d’adrénaline qui ne profite ici d’aucune prétention, on ne peut souhaiter mieux comme film pour se changer les idées. D’autant plus que c’est probablement la seule fois qu’on verra un président des États-Unis incarné par Jamie Foxx et qu’on retrouve ici tous les éléments que le très risible Olympus Has Fallen d’Antoine Fuqua aurait dû mettre de l’avant.

«White House Down» prend l’affiche ce vendredi 28 juin.

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