«Arvida» de Samuel Archibald – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«Arvida» de Samuel Archibald

«Arvida» de Samuel Archibald

Un recueil de nouvelles typiquement saguenéen

Publié le 25 juillet 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Le Quartanier

L’auteur montréalais Samuel Archibald a reçu de nombreux éloges à la sortie de son recueil de nouvelles Arvida dont le Prix des libraires 2012 et le Prix Coup de cœur Renaud-Bray 2012, en plus d’avoir été finaliste au Prix littéraire des collégiens 2012. L’auteur, qui enseigne le roman policier, la science-fiction, le cinéma d’horreur, les jeux vidéo et la culture populaire contemporaine à l’UQÀM signe ici sa première œuvre de fiction parue chez Le Quartanier.

Arvida, à cause de l’Alcan, est reconnue comme étant la capitale de l’aluminium, mais également un lieu où il fait bon vivre en toute tranquillité. Situés près de Jonquière, et non loin de Chicoutimi, les Arividiens y mènent une vie paisible, en famille, à l’abri du bruit infernal des grandes métropoles. Mais, qui dit vie paisible, dit aussi anecdotes cocasses, et c’est en quelque sorte une petite fenêtre sur son intimité et celle d’autrui qu’a entrouvert l’auteur le temps de nous conter quatorze courtes histoires à la fois fictives et réelles, avant que la brise au dehors ne devienne trop fraîche.

L’auteur, dans ce recueil de nouvelles tantôt tristes, tantôt humoristiques, tantôt effrayantes, s’amuse à collectionner les visages de ses narrateurs. En effet, il raconte ici et là son récit au «je», lorsque le souvenir à saveur autobiographique brille par sa vraisemblance, parfois il devient un narrateur Dieu en s’impliquant moins, mais en ayant un regard privilégié sur toutes choses, et le «il» nous permet ainsi d’avoir un accès presque voyeur à la conscience de ses personnages.

La première histoire, «Mon père et Proust – Arvida 1», met en scène un homme d’âge mûr, fort probablement l’auteur lui-même, qui relate ses souvenirs d’enfance, particulièrement ceux où il était question de sa grand-mère, la mère de son père, et de son père lui-même, qui s’amusait à voler quelques sous pour manger des May West dans le dos de sa génitrice, simplement pour le bon plaisir de déjouer la maxime «Y’a pas de voleurs à Arvida». Cette nouvelle, sans grande portée, est tout aussi délicieuse que lorsqu’on s’amuse, entre amis, à se raconter des histoires autour d’un feu de camp.

Archibald nous fait ainsi visiter, à dos d’une plume envoûtante et cahoteuse, les monts Valin, le Saguenay, la brasserie d’Arvida et le carré Davis, tant de lieux typiquement arvidiens près desquels ont eu lieu des anecdotes sans réelle importance, mais qui recèlent néanmoins un certain potentiel, lorsque narrés par la langue simple mais douée de l’auteur.

L’intérêt n’est toutefois pas toujours constant, on sent un certain essoufflement à la lecture d’histoires plus banales telles que «Antigonish», Cryptozoologie» ou «Jigai», la faute étant plus au sujet, peu attirant, qu’au style lui-même, mais une certaine persévérance est de mise pour les délectables «América», «Les derniers-nés» et «Chaque maison double et duelle», des récits percutants, prenants et bouleversants.

Dans l’univers d’Archibald, même si le cadre est paisible, il n’en va pas nécessairement de même pour ses personnages qui sont tous plus colorés les uns que les autres. Au-delà d’Arvida et de ses environs, on retrouve, à notre plus grand étonnement, des maisons hantées, des complots, des meurtres ratés et des histoires familiales tordues, qui nous prouvent, d’ailleurs, qu’aucune ville n’est à l’abri du vice.

Les Saguenéens y retrouveront, à la lecture de ces pages, certains beaux repères, les autres y découvriront une petite ville fort singulière et attirante, mais tous y trouveront assurément leur compte, cela est garanti.

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