«The Infinite Man» de Hugh Sullivan à Fantasia – Bible urbaine

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«The Infinite Man» de Hugh Sullivan à Fantasia

«The Infinite Man» de Hugh Sullivan à Fantasia

Variations sur un même moi

Publié le 25 juillet 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : Twitch Films

The Infinite Man est une excellente trouvaille en provenance de l'Australie qui se découvre tout en douceur, dévoilant et insufflant toujours un peu plus d'audace et de génie à sa prémisse aux apparences pourtant si simple.

Dean est un homme bien ordinaire qui aime prévenir au lieu de guérir, tout en se réservant le droit d’avoir un bon contrôle sur ce qui l’entoure. Comme sa relation avec Lana, sa copine, pourrait menacer de battre de l’aile à tout instant, il essaie de réunir tous les éléments nécessaires pour faire d’un week-end d’anniversaire en amoureux le séjour parfait. Malheureusement, la vie étant ce qu’elle est, rien ne se passe comme prévu et, alors qu’il décide de tout régler grâce à sa machine à voyager dans le temps, une boucle temporelle l’emprisonne dans le passé dans des situations aussi loufoques, ingénieuses, qu’inattendues.

Il est toujours fascinant de voir un film de science-fiction prendre la voie esthétique de la simplicité et d’opter pour un traitement plus minimaliste. Certes, ce choix est grandement dû à un manque de budget apparent, compte tenu la nature de ce premier long-métrage, mais le tout est largement compensé par la grande dose d’ingéniosité dont le scénario fait preuve.

Bien sûr, le rythme est à la limite du contemplatif, se déroulant entièrement dans un espèce d’hôtel abandonné, composé de deux bâtiments identiques comprenant deux étages. Néanmoins, c’était le lieu rêvé pour permettre à l’univers du film de fixer ses propres limites, donnant droit à un terrain de jeux pratiquement infini.

Ainsi, chaque fois que Dean retourne dans le temps (toujours ou presque au même instant), qu’il soit seul ou accompagné, il se retrouve à côtoyer le même univers que la version de lui-même (ou d’eux-mêmes) qui existait déjà en premier lieu. On pense immédiatement à Primer de Shane Carruth, à la différence ici qu’on se concentre davantage sur l’absurdité de la situation, au-delà de son aspect plus scientifique, donnant droit à un humour aux limites du burlesque qui divertit pleinement. Également, on évoque grandement le cinéaste Michel Gondry en développant la réflexion sur les relations humaines et amoureuses.

The-Infinite-Man-Hugh-Sullivan-Fantasia-2014

Aux apparences alambiquées, l’histoire se complexifie foncièrement et on doit admettre que le réalisateur Hugh Sullivan ne s’aide jamais en empruntant la voie la plus simple. On joue tantôt sur la chronologie des évènements et, à d’autres moments, sur la complexité des interactions (Dean du futur qui parle à Dean du passé, tout en observant le Dean d’entre les deux…!) et on surprend constamment le spectateur au détour. Même aux moments où l’on croit que tout va aller de travers, le cinéaste parvient à raviver la surprise et l’intérêt avec une ingéniosité qui rafraîchit.

Bien sûr, l’exercice peut paraître redondant à plus d’un moment et sa courte durée l’aide à ne pas s’étirer davantage, mais le potentiel est maîtrisé avec force et peut aisément se comparer à des oeuvres denses telles qu’Inception de Christopher Nolan, l’épilogue mémorable et le budget hollywoodien en moins. De plus, sa grande sensibilité touche souvent juste en offrant une variation particulièrement intéressante du désir, du contrôle, du pouvoir et de l’envie, notamment.

Enfin, rappelant All the Days Before Tomorrow de François Dompierre et Eternal Sunshine of the Spotless Mind de surcroît, à mi-chemin entre le drame romantique réfléchi et le petit film de science-fiction décalé, The Infinite Man est un film d’auteur particulièrement réussi. Sans cacher toutefois qu’il est imparfait, on savoure avec brio son inventivité et sa façon de bien se renouveler. À découvrir.

«The Infinite Man» est présenté une seconde fois le vendredi 25 juillet à 17h20 au théâtre J.A. de Sève.

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