«Collaborator» de Martin Donavan: une ode à l’otage domestiqué – Bible urbaine

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«Collaborator» de Martin Donavan: une ode à l’otage domestiqué

«Collaborator» de Martin Donavan: une ode à l’otage domestiqué

Publié le 9 juillet 2012 par Justine Boutin-Bettez

Les films Séville sont fiers d’annoncer la sortie de Collaborator, un film de Martin Donavan mettant en vedette Melissa Auf Der Maur, une musicienne de chez nous. La distribution est assurée par Martin Donavan, David Morse, Olivia Williams, Katherine Elmond, Eileen Ryan et Julian Richings, et le film est produit par Julien Favre en collaboration avec Ted Hope. (Trust, Simple man, Amateur).

La saisissante comédie dramatique Collaborator était présentée en première mondiale au Festival international du film Karlovy Vary en 2011. Martin Donavan y prête voix et corps, ainsi que son style de réalisation créatif. L’intrigue nous dévoile le récit illusoire du dramaturge Robert Longfellow aux prises avec une grave panne d’inspiration, en plus d’être en pleine crise matrimoniale.  Son esprit ne tient qu’à un fil. En toute vérité, rien ne va plus. C’est lors d’une visite chez sa mère que Longfellow est pris en otage par son voisin Gus (David Morse), qui sort tout juste de prison. Alors que la famille et les policiers sont plongés dans l’ombre de ce crime mystérieux, déboussolés devant autant d’incompréhension, la prise d’otage, qui monte d’un cran, s’apaise et prend la tournure d’une existence partagée entre deux hommes. Collaborator est donc une œuvre de comédie psychosociologique, à savoir un film incarnant l’ambigüité entre «vouloir être ou ressembler à quelqu’un» et «être quelqu’un». Pourquoi cet otage? Quelle était la rançon? L’enjeu? Pourquoi dans ce cadre mystérieusement élaboré?

Tous ces questionnements en rafale tendent à accrocher le spectateur et à le forcer à vouloir connaître les multiples ramifications de l’intrigue. Pourquoi ce soudain changement de ligne de la part du kidnappeur? Le spectateur se trouve esclave d’un otage spéculaire dont l’identité oscille entre l’agir psychotique sous l’emprise de l’alcool et l’être tout simplement en panne d’idéal. Ce qui laisse place à un discours duquel l’expression «double-face» prend tout son sens. Les personnages du dramaturge Robert Longfellow (Martin Donavan) et du voisin ravisseur (David Morse) sont d’un charisme inné et enveloppés d’un sens animalement réaliste. En effet, grâce à l’intrigue perturbante et au jeu universel des acteurs, l’intérêt est sans cesse renouvelé par la curiosité de voir ou l’action va débouler.

C’est dans ce film aux dimensions comiques et à l’aventure engagée que Martin Donavan donne une notoriété certaine à sa carrière de comédien. En effet, Donavan est connu pour être un acteur de second plan, jouant continuellement le même rôle dans sa zone de confort. Il confirme que du haut de ses 54 ans il est bel et bien un comédien qui sait se renouveler, et ce, à tous les niveaux.

Collaborator est donc, en somme, un film qui ne sera pas jeté aux oubliettes. Même dans le plus léger dialogue, les yeux parlent aux yeux, le tout dans un ensemble crédible et véridique. Le personnage du ravisseur, incarné par David Morse, est tout simplement divin. Ivre de solitude, saoul aux heures matinales, ineffable dans la senteur pénétrante de l’alcool. Un personnage qui, malgré ses excès, ne sombre pas dans l’invisible.

À l’affiche dès le 13 Juillet en version originale anglaise au AMC Forum.

Appréciation: ****

Crédit photo: www.martindonavan.org

Écrit par: Justine Boutin-Bettez

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