Critique des «Histoires humanimales» de Jean-Pierre April – Bible urbaine

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Critique des «Histoires humanimales» de Jean-Pierre April

Critique des «Histoires humanimales» de Jean-Pierre April

Publié le 17 octobre 2011 par Éric Dumais

En 1980, Jean-Pierre April a fait ses premiers pas dans le monde de la littérature. L’auteur, originaire de Rivière-du-Loup, s’est d’abord fait connaître dans le domaine de l’anticipation sociale ici et en France, avant de faire paraître, en 2006, un premier roman réaliste, Les ensauvagés. En 2009, il reçoit le Prix littéraire des enseignants AQPF-ANEL, dans la catégorie nouvelle littéraire, pour son ouvrage Mon père a tué la Terre, paru en 2008. Après quatre recueils de nouvelles, sept romans et une novella, voici Histoires humanimales, son dernier recueil de nouvelles.

L’homme vs. l’animal

«L’homme est un animal dominant; il devient civilisé quand il est dominé».

Physiquement, l’homme se distingue de la plupart des mammifères terrestres; mentalement, c’est une autre histoire. En effet, lorsqu’il est question de domination, de guerre de territoire et de triangle amoureux, l’homme moderne peut être capable de se comporter en animal, et ce, aussi civilisé soit-il. C’est ce qui prouve, donc, que nous ne sommes pas si éloignés que cela du règne animal.

Mais qu’adviendrait-il si la frontière entre l’homme et l’animal s’amenuisait de sorte que la réalité serait carrément déformée, et la vie quotidienne, ponctuée d’étrangeté. C’est en quelque sorte l’exercice auquel s’est plié Jean-Pierre April avec Histoires humanimales, puisqu’au centre de ses neuf nouvelles qui composent ce court recueil d’environ 150 pages, se retrouvent inéluctablement des animaux d’espèces aussi variées que le dindon sauvage, les Paparlas ou les Nouyounes (des singes à longues queues), le faon et l’urubu. Ainsi, l’auteur explore sous différents angles les rapports entre l’homme et l’animal et sa conclusion est frappante : ils peuvent être interchangeables.

Des nouvelles éclectiques

J. P. April a joué la carte de l’originalité avec ce dernier recueil de nouvelles puisqu’en plus d’avoir écrit neuf histoires mettant en scène des animaux sauvages, il a également exploré différents genres paralittéraires, notamment le réalisme, le comique, le fantastique, le policier, la poésie et la tragédie.

Si, la plupart du temps, les nouvelles nous font légèrement sourire ou froncer les sourcils, il n’est par contre pas rare, lors du processus de lecture, de se poser une myriade de questions, de crainte que les évènements ne nous mènent nulle part, ou, simplement, que la finale ne soit pas assez éclatante à notre goût. Ici, il suffit de penser à L’Enfant et le faon, Au retour des étourneaux ou Des nouveaux oiseaux venus du chaud, des histoires qui, malheureusement, n’ont pas du tout réussi à éveiller l’intérêt chez le lecteur. Car l’art d’une bonne nouvelle, c’est assurément la façon dont l’auteur va réussir à nous surprendre et à nous laisser pantois devant une finale explosive. Il faut l’admettre, ce dernier point, J. P. April le maîtrise assez bien.

Les molosses de Jingzhou, la nouvelle la plus colossale du recueil, n’est pas du tout appréciable pour son intérêt ou ses supposés rebondissements. Loin d’être captivante, cette histoire traîne en longueur : narration lourde, personnages superficiels, évènements futiles. Par contre, c’est seulement aux quatre dernières pages que le lecteur se surprend enfin à dévorer chaque phrase, chaque mot, chaque ponctuation, car le coup de théâtre est carrément imprévisible.

J. P. April réussit donc à créer facilement un effet dramatique intense, autant par le rire que par l’étonnement, mais, là où sa plume excelle un peu moins, c’est dans la mise en place des évènements du récit. Avouons-le en toute franchise, ses Histoires humanimales ne sont aucunement sensationnelles, outre peut-être Rencontre au sommet dans la Forêt sacrée, même qu’elles manquent parfois cruellement de profondeur. Elles demeurent néanmoins un bel exercice de style, tant au niveau poétique que rhétorique.

En somme, le recueil de Jean-Pierre April ne soulève pas de grandes vagues, mais sa plume tantôt comique, tantôt tragique, vous surprendra par sa légèreté et son sens de l’inattendu.

Appréciation générale: **1/2

Crédit photo: Éditions XYZ

Écrit par: Éric Dumais

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