«Jack Reacher» de Christopher McQuarrie: l'élégance du raisonnement – Bible urbaine

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«Jack Reacher» de Christopher McQuarrie: l’élégance du raisonnement

«Jack Reacher» de Christopher McQuarrie: l’élégance du raisonnement

Publié le 21 décembre 2012 par Jim Chartrand

Mais qui est Jack Reacher? C’est Tom Cruise en mode bad-ass qui s’investit grandement dans un projet auquel il croit. Si bien qu’on finit par y adhérer nous aussi et à succomber à ce suspense d’action qui peut bien faire classe à part et satisfaire autrement.

Déterminer pourquoi Jack Reacher est meilleur que les Alex Cross, The Lincoln Lawyer et autres polars du genre adaptés de romans serait injuste pour ces derniers puisque la plus récente production de monsieur Cruise part avec la volonté évidente d’y intégrer une signature précise et, du coup, une mise en scène particulièrement soignée. Certes, parmi les nombreuses audaces qu’on tente d’exploiter, ce ne sont pas tous des paris gagnés, d’où découlent quelques baisses de régime ou manque total de rythme dans ce deux heures aux limites de l’inégalité, mais avouons que dans cette même durée on y trouvera un lot gagnant de scènes marquantes et d’ingénieuses idées qui nous resteront en tête un bon moment. Ce qui est peu dire de la deuxième réalisation près d’une décennie plus tard d’un scénariste de renom.

Ainsi, on réalise rapidement, par le biais de l’élégante introduction, que le film cherchera à divertir autrement. Il ne sera pas un film d’action pétaradant et il prendra son temps pour se dévoiler. Après tout, les mots sont limités, et par moments on a pratiquement l’impression d’être plus près d’un Drive que d’un film de Jason Statham. Ne trouve-t-on pas d’ailleurs à mi-chemin ce qui s’avère être l’une des scènes de poursuite de voitures les plus captivantes depuis longtemps?

Alors, de quoi parle ce film dont l’intrigue porte effectivement bien son nom? Eh bien, c’est une investigation sur un meurtre farfelu mais déplorable, où un ex-militaire aurait apparemment tué sans raisons et sans motifs cinq personnes dans un endroit public. L’affaire semble classée d’avance, mais le tout se corse lorsqu’on attrape le suspect principal et que ce dernier demande qu’on lui trouve Jack Reacher. Lorsque ce dernier, aussi mystérieux que le reste, amènera ses capacités de policier de l’armée et qu’il mènera l’enquête avec Helen, l’avocate du condamné également fille du procureur, l’intrigue prendra différentes directions et tout s’emboîtera pour mener indubitablement vers l’ultime vérité, et ce, au prix que cette dernière coûtera.

Si l’histoire n’est pas sans failles dans sa façon par moment absurde de nous sortir des revirements de situations placés là pour nous pousser à s’exclamer de surprise, on aime l’intelligence qui est derrière et on salue son désir de nous pousser à nous questionner pour découvrir le pot aux roses. Seul hic, le film est tellement sûr de lui qu’il en oublie le spectateur qu’il délaisse en position d’observateur, lui gâchant à maintes reprises les clés et dévoilant trop rapidement les réponses. Après tout, on sait d’avance l’identité du véritable tueur et on comprend d’ores et déjà l’idée du complot près d’une heure avant que les personnages n’en arrivent à cette conclusion. De ce côté, il ne reste donc plus grand place à l’imaginaire et on ne peut qu’acquiescer après avoir à peine eu le temps de s’interroger et apprécier ainsi le spectacle sans vraiment y prendre part.

Fort heureusement, le long-métrage demeure un divertissement satisfaisant puisque le ton est majoritairement humoristique et amusant parce qu’on a toujours envie d’en savoir plus, et aussi parce que la distribution a énormément de panache. Tom Cruise a l’assurance nécessaire pour incarner le protagoniste, continuant dans l’excellente lancée qu’il fait succéder de Mission: Impossible – Ghost Protocol à Rock of Ages, alors que l’expertise des Richard Jenkins et Rosamund Pike n’a plus besoin de preuves. Mieux, dans les rôles de soutien, on retrouve la présence exceptionnelle du grand réalisateur Werner Herzog, épatant en méchant sans pitié de service, en plus d’un Robert Duvall qui s’amuse comme un fou. Pour le reste, notons la présence notable de la star australienne montante Jai Courtney, qu’on verra rapidement aux côtés de Bruce Willis dans A Good Day to Die Hard, bouillonnant d’une séduisante monstruosité lui accordant un magnétisme évident pour faire tourner les têtes et se permettre ainsi d’en tuer quelques-unes au passage sans se faire prier.

Pour le reste, un récit intelligent qui préfère user de son cerveau plutôt que de ses poings et qui choisit spécifiquement ses mots pour les faire compter dans un suspense d’action d’une belle qualité. Comme quoi, à moins d’avoir des attentes d’une nature inconnue, Jack Reacher ne pourrait donc que vous surprendre avec le plus bel enthousiasme.

Jack Reacher prend l’affiche ce vendredi 21 décembre 2012.

Appréciation: ***½

Crédit photo: www.aceshowbiz.com

Écrit par: Jim Chartrand

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