«Je me souviens» de Martin Michaud – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Je me souviens» de Martin Michaud

«Je me souviens» de Martin Michaud

Bonhomme pendu et meurtres en équation

Publié le 14 décembre 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Goélette

Fortement médiatisé suite à la parution de Il ne faut pas parler dans l’ascenseur (2010) et La chorale du diable (2011), l’auteur montréalais Martin Michaud remet l’eau à la pâte avec Je me souviens (Les Éditions Goélette), un troisième thriller brillant où il est question d’énigmes, du FLQ, de John F. Kennedy et de meurtres en équation.

Le sergent-détective Victor Lessard est de retour dans cette troisième enquête plus complexe que jamais où son sombre passé d’ex-alcoolique mal divorcé le rattrape dans ses moments les plus noirs. Désormais en amour avec Nadja, une jeune âme attendrie qui satisfait tous ses besoins, même les plus cruciaux, voilà que Lessard a atteint la sobriété depuis 7 ans, cinq mois, douze jours, dix-huit heures et douze minutes. Hélas!, vous l’aurez compris, la soif et la dépression planent toujours à l’horizon tel un voile maléfique.

Dans cette nouvelle histoire tout aussi sordide que les précédentes, le sergent-détective et sa partenaire, la gourmande et agressive Jacinthe Taillon, se retrouvent le nez scotché dans une enquête pour le moins casse-tête: à Montréal, deux macchabées sont retrouvés, le cou transpercé par une fourche de l’hérétique, un instrument de torture datant selon toute vraisemblance du Moyen-Âge. Quelque temps après cette sombre découverte, André Lortie, un itinérant aux prises avec des troubles bipolaires, se jette en bas du toit d’un édifice de la Place d’Armes. De son vivant, il a répété à maintes reprises avoir participé, avec le FLQ, à l’assassinat de Pierre Laporte. Dans son manteau sont retrouvés les portefeuilles ayant appartenu aux deux victimes. Pic ultime dans cette enquête: un lien quelconque entre Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé de John F. Kennedy, et le cabinet d’avocats Baker, Lawson, Watkins serait à considérer. Et cet énigmatique bonhomme pendu qui fait la marque de ce tout nouveau thriller? Quel secret peut-il bien receler?

Martin Michaud a définitivement le sens du suspense. D’une plume agile, l’écrivain de quarante-deux ans multiplie les chapitres courts et haletants, au nombre de quatre-vingt-quinze!, au rythme des six-cents pages et quelques qui composent cette brique. À la manière d’un Dan Brown, Michaud nous fait entrer abruptement dans le vif du sujet en prenant bien soin d’éviter de disséminer trop d’indices à la fois. La construction d’un bon thriller réside en effet dans sa vraisemblance, mais aussi dans les effets de surprises et l’éparpillement logique des clés de l’énigme. Sur ce point, donc, Martin Michaud est passé maître.

L’enquête policière prend des ampleurs considérables et il n’est pas étonnant que Je me souviens soit un roman aussi étoffé. Par contre, ce qui différencie Martin Michaud de Jean-Jacques Pelletier, un écrivain prolifique ayant récemment fait paraître Les visages de l’humanité (Alire, 2012), c’est dans la manière de conduire un récit où mille et un détails se chevauchent pour mener, au final, à un dénouement aussi explosif que sanguinaire. Un autre détail fait la renommée de cet ouvrage: Jacinthe Taillon. La partenaire de Lessard, une lesbienne peu courtoise dont l’estomac doit être aussi géant que celui d’une baleine à bosses, remplie à elle seule le mandat de divertir le lecteur tout au long du récit. Agressive avec les interrogés, impolie envers les témoins, ce pastiche de la désormais célèbre matricule 728 vous fera rire aux larmes, soyez-en assurés.

Et ne soyez pas étonnés si l’auteur réussit à vous embarquer corps et âme dans cette troisième enquête du sergent-détective Victor Lessard. C’est signe que ce roman est une belle réussite et que martin Michaud vous aura mener en bateau jusqu’à la toute dernière page!

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