La comédie «21 and Over» de Jon Lucas et Scott Moore, les scénaristes de The Hangover: sous l'influence du bon sens – Bible urbaine

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La comédie «21 and Over» de Jon Lucas et Scott Moore, les scénaristes de The Hangover: sous l’influence du bon sens

La comédie «21 and Over» de Jon Lucas et Scott Moore, les scénaristes de The Hangover: sous l’influence du bon sens

Publié le 1 mars 2013 par Jim Chartrand

Les soirées de beuveries qui dégénèrent ont la cote et 21 and Over est loin de mettre un terme aux films de party. S’il est loin d’établir de nouveaux standards et d’en réinventer le genre, on ne peut pas dire non plus que l’ensemble est désagréable, ce qui est déjà beaucoup, surtout si l’on considère que, somme toute, les rires y sont nombreux.

L’histoire est plutôt simple. Le soir de ses 21 ans, un étudiant qui a une entrevue fort importante quant à son avenir le lendemain matin, se fait sortir par ses deux meilleurs amis qu’il ne voit plus aussi souvent qu’avant. Bien entendu, ce qui ne devait qu’être la veillée de quelques verres, sans plus, dégénère et empire au fur et à mesure où le désir de retrouver le chez-soi de leur ami, saoul et inconscient, pousse nos deux bouffons de plus en plus dans l’embarras.

Le problème toutefois avec 21 and Over, c’est que sa portée est plus limitée que d’autres films. Sans la réflexion subtilement brillante sur notre rapport à notre époque, la célébrité instantanée et notre dépendance à la technologie de Project X et ne s’en tenant qu’aux histoires de collège, donc dénué de véritable originalité, cette nouvelle offrande des scénaristes du succès mondial The Hangover, dont on attend le dernier opus de la trilogie cette année, risque d’intéresser et de toucher un public beaucoup plus restreint. Fort heureusement, ses interprètes ont l’âge requis et on ne nous fait pas trop le coup des acteurs de 30 ans qui se font passer pour 20, sorte de procédé des fausses cartes inversées.

Du coup, au-delà de quelques situations rocambolesques et un sens du dialogue (improvisé ou non) qui a son lot de rires et de répliques gagnantes (ah le taureau! Le vrai, pas le mécanique…), le film finit par nous conquérir grâce à son rythme fortement assuré par le biais d’une heure et demie très bien assurée par un montage dynamique bien ponctué d’une agréable trame sonore dans le ton. Comme quoi, pour leurs premières réalisations, Jon Lucas et Scott Moore ont préféré jouer sur des conventions efficaces sans pour autant réinventer la roue, ce qui est fort raisonnable de leur part. Malheureusement, si l’on a un parti pour le politiquement incorrect (le film s’ouvre avec des fesses, oui oui!), il y a une grande part réservée aux morales et aux leçons, ce qui fait un contre-poids un peu trop appuyé face à cette fameuse scène abusivement longue de vomi au ralenti.

Malgré tout, l’interprétation est fortement dans la note et Miles Teller (désormais habitué des films du genre) et Skylar Astin (surtout découvert grâce à sa sympathique performance dans le jubilatoire Pitch Perfect) livrent la marchandise dans ce mélange craquant d’amitié au point de non-retour et de questionnements existentiels sur les chemins qui se séparent, évoquant en version plus achevée ce que High School avait essayé de faire. Toutefois, autour d’eux, les personnages éclatés manquent. Justin Chon, élément déclencheur du récit, est loin de produire le même genre de culte que Ken Jeong avait créé avec son apprécié personnage de Mr. Chow, et ce, bien qu’il soit asiatique et qu’il n’ait pas peur de se mettre dans l’embarras. On remercie donc le ciel que son personnage soit rapidement écarté, tellement ce qui le touche ne nous intéresse finalement que bien peu, à l’exception de son père, interprété avec conviction par un impitoyable François Chau qui ravira les fans de la télésérie Lost.

Si Randy et ses acolytes offrent bien quelques rires, sa copine Nicole, interprétée par une Sarah Wright peu convaincue, assume difficilement le contre-poids féminin, malgré la belle aura de son personnage. À l’exception du personnage de l’ex-colocataire asiatique Sally Huang, interprétée avec fougue et spontanéité par Samantha Futerman (alors qu’on aurait certainement apprécié une plus grande importance à son personnage), on ne retient finalement que bien peu de choses, alors qu’on a vite passé en revue ces nombreux éléments de divertissement pour constamment tournoyer sur la remise en question des deux protagonistes. Si l’on aime bien cette volonté de prioriser la liberté et la poursuite de ses rêves, on regrette que les réalisateurs et scénaristes se soient trop attardés sur cette prise de conscience, qui gâche un peu l’esprit festif qu’ils essaient d’établir et de faire vivre en parallèle.

21 and Over se montrera donc comme une comédie certainement amusante et plus souvent qu’autrement divertissante, sans toutefois atteindre des sommets comme certains opus de Todd Phillips savent y parvenir, tel son excellent Due Date. On retiendra par contre quelques noms de la relève qu’on espère recroiser puisque ce sont finalement eux les véritables stars du film en acceptant sans peine tout ce qu’on leur fait subir, toujours à deux pas entre le bon sens et le mauvais goût. Pour le reste, on ne semble pas avoir voulu en faire une franchise, mais avec chance, on saura s’en priver, ne laissant derrière nous que ce gentil film qui se croit plus fou qu’il ne l’est vraiment.

 photo b4dbd9f2-fa5a-4113-834f-7a297f6d0dee_zps825fd416.jpgLe film 21 and Over prend l’affiche ce vendredi 1er mars.

Appréciation: ***½

Crédit photo: Eone Entertainment

Écrit par Jim Chartrand

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