Le Cirque du Soleil présente un aperçu de son spectacle «Kurios – Le cabinet des curiosités»

Il y a toujours une joie démesurée à entrer dans le chapiteau bleu et jaune du cirque québécois. Le Cirque du Soleil parvient avec brio à raviver chez soi notre capacité d’émerveillement et c’est en moins de trois numéros qu’ils sont à nouveau parvenus à nous en mettre plein les yeux et les oreilles, la gueule grande ouverte d’épanouissement. Festif, le numéro d’ouverture qui débute lorsque sonne un 11h11 fictif est un peu comme si le coffre à jouets de notre enfance prenait vie. Les excellentes compositions de Raphaël Beau, grandement épaulées des fidèles Bob & Bill, qui ont participé aux deux plus récentes productions, nous invite à taper du pied au son d’un électro-swing ingénieux et à suivre l’action avec enthousiasme, alors qu’a été présentée la grande majorité des membres de la distribution.

Fruit de deux ans de travail, Kurios – Le cabinet des curiosités est un spectacle qui invite à la célébration. Rassemblant un nombre surprenant de collaborateurs sur et derrière la scène, qui ont déjà participé à des productions antérieures, tout est là pour plaire. Avec sa scénographie invitante, ses teintes singulières et sa beauté resplendissante, du côté des costumes et des accessoires notamment, on est rapidement mis dans le coup des espiègleries de ces joyeux personnages. Situé dans une Europe du XIXe siècle imaginaire (on a après tout transformé les résultantes du siècle des Lumières en science-fiction, selon les dires du scénographe et concepteur des accessoires Stéphane Roy), on retourne à la source des inventions et on s’amuse beaucoup dans cet environnement qui a souvent été le lieu d’inspiration des artisans.

Rencontré en exclusivité, le concepteur des costumes Philippe Guillotel dévoilait qu’il a visité, avec Michel Laprise, le Musée des arts et métiers de Paris, ce qui leur a donné l’envie «de partir de ces objets et de ces machines-là pour les mettre en scène». Un travail qui a été réalisé en étroite collaboration avec l’accessoiriste au point de fusionner de façon fascinante.

On appelle ce spectacle le «cabinet des curiosités» et même les créateurs ont de la difficulté à mieux en résumer l’esprit: «Il y a beaucoup d’hybrides au niveau des objets, nous explique Stéphane Roy, donc on a récupéré toutes sortes de choses. Que ce soit des dactylos, des cornets ou encore des poulies, on a fabriqué ces objets comme des petites bêtes qui vivent, qui ont leur petite vie intérieure, et qui ont chacun une curiosité. Du coup, chacun de ces numéros sont contenus dans une plus grande curiosité. Donc on est vraiment dans un cabinet de curiosités, puisque les numéros sont également des curiosités en soi!»

Véritable laboratoire créatif, tous sans exception se sont éclatés dans leurs élans inventifs pour offrir le meilleur d’eux-mêmes. À ce titre, leur fierté tout comme leur fébrilité est palpable. Michel Laprise, auteur et metteur en scène de la production, est le premier à être incapable de cacher son enthousiasme. Avec la capacité de s’emporter rapidement lorsqu’il parle de ce projet qui semble fourmiller au plus profond de ses tripes, il raconte sans mal son désir de «donner une dose de poésie aux objets du quotidien», comme, sans nécessairement tout réinventer, «essayer de faire des acrobaties avec des objets qui ne sont pas des appareils acrobatiques habituellement.»

Ainsi, alors qu’on nous proposait de reconsidérer notre réalité et de remettre en cause nos perceptions dans les précédents communiqués, Kurios – Le cabinet des curiosités semble bien parti pour nous forcer à trouver l’extraordinaire dans l’apparemment ordinaire. Par exemple, cet homme visiblement obèse qui cache une femme naine à l’intérieur de son énorme ventre, ou durant l’époustouflant numéro où un acrobate, qui est vraisemblablement le seul au monde à faire du rolla bolla de cette façon, défie les lois de la gravité et de l’équilibre. Sans en dire trop, il parvient avec expertise à nous river sur le bout de notre siège.

Ce dernier était la cerise sur le sundae et les journalistes présents semblaient déjà satisfaits de ces quelques 20 minutes de numéros. Gageons toutefois que Laprise et sa bande nous cachent encore bien des surprises pour nous épater davantage. Un spectacle qu’il faudra certainement surveiller de très près très bientôt!

«Kurios – Le cabinet des curiosités» débute ses représentations le jeudi 24 avril prochain au Vieux-Port de Montréal. Les détails sur le spectacle et le prix des billets peuvent être trouvés à l’adresse suivante: www.cirquedusoleil.com/kurios.