Les soeurs Boulay et Patrice Michaud à l’Astral: se laisser transporter d’un univers à l’autre – Bible urbaine

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Les soeurs Boulay et Patrice Michaud à l’Astral: se laisser transporter d’un univers à l’autre

Les soeurs Boulay et Patrice Michaud à l’Astral: se laisser transporter d’un univers à l’autre

Publié le 11 novembre 2012 par Alice Côté Dupuis

De la pop harmonieuse au rock qui groove, en passant par le conte engagé, les univers des sœurs Boulay et de Patrice Michaud se sont succédé hier soir à l’Astral en laissant le public totalement subjugué. Cette soirée du 26e Coup de Cœur Francophone mettant par hasard à l’honneur la Gaspésie a frappé fort, avec de jeunes auteurs-compositeurs-interprètes aux multiples talents.

Les sœurs Boulay

Une grosse caisse, une guitare acoustique, un ukulélé et un seul micro omnidirectionnel, suspendu en plein milieu de la scène. C’est tout ce dont Mélanie et Stéphanie Boulay, «de vraies sœurs, mais ni filles, nièces ou cousines d’Isabelle Boulay», ont besoin pour effectuer leur art. Et quel art! Leurs voix douces et claires s’harmonisant à merveille, elles enchaînent les pièces aux paroles souvent loufoques, comme sur «Des shooters de fort sur ton bras» (dernière chanson, pour laquelle elles ont invité Patrice Michaud à se joindre à elles), et cette pièce inspirée de leur plus grande qualité, le sens de l’orientation, et qui laisse entendre «Ta face, des fois je l’étamperais dans le windshield, mais papa pis maman y seraient pas contents», chanté de façon amusante, qui témoigne de la belle complicité entre les deux sœurs, malgré leurs quelques différends.

C’est d’ailleurs tout sourire qu’elles sont arrivées sur scène, blaguant d’entrée de jeu sur leur faux lien de parenté avec la chanteuse rousse également d’origine gaspésienne, avant de soulever la foule avec les douces «Lola» et «Mappemonde», une chanson sur un amour qui n’est pas et qui a été interprétée avec de très belles nuances. Les harmonies créées par les deux sœurs, leurs voix qui portent et leurs passages de la voix de corps à celle de tête sont suffisants pour envoûter quiconque écoute leur musique. Mais, de les voir sur scène, avec tout leur humour et leur simplicité, ça séduit, inévitablement. La soirée portant bien son nom, le «Coup de Cœur» Francophone aura été une autre très belle vitrine pour celles qui ont remporté les Francouvertes en mai dernier.

Moment fort de leur prestation, Les sœurs Boulay ont offert une chanson touchante, tout en douceur, durant laquelle Mélanie a effectué pas un, mais deux solos de cuillère, frappant sur des verres au niveau d’eau différent pour créer différents sons harmonieux. Fous rire immanquable, les sœurs ont pourtant tout de suite retrouvé leur aplomb, avec une reprise très vivante de «Laisse tomber les filles», originalement de France Gall. C’est ce qu’on retiendra des sœurs Boulay: une simplicité désarmante, un humour charmant, un plaisir contagieux à être sur scène et du talent brut. Changeant d’instrument au gré des chansons (le mélodica a d’ailleurs permis d’apporter une petite touche singulière à l’une des pièces), les sympathiques sœurs ont prouvé que comique peut rimer avec émotions et que la simplicité va de pair avec le succès.

Patrice Michaud

C’est avec une nouvelle chanson que le grand gaillard, originaire de Cap-Chat, en Gaspésie, a débuté sa performance. «C’est un peu par crainte, mais aussi par envie que j’ai réinvité Les sœurs Boulay à la chanter avec moi», avoue-t-il, saluant ses amies un peu en retrait sur la scène. Très douce, l’œuvre jusqu’alors inédite de l’auteur-compositeur-interprète, qui a été nommé dans la catégorie «Découverte de l’année» au dernier Gala de l’ADISQ, démontre encore une fois son génie d’auteur: «Je t’ai demandé d’arrêter de se voir et tu t’es mise à pleuvoir / Je ne sais pas comment être près de toi et si loin de Disneyland».

Par contre, «des chansons d’amour, il y en a tout plein, ça pousse, mais je n’en connais aucune qui parle d’amour dans une Monte Carlo 1989, en avant… comme en arrière!». Une belle introduction à «On fait comme si», qui a présenté Patrice Michaud dans toute sa splendeur; voix juste assez éraillée, sourire juste assez charmant, et mouvements juste assez dynamiques. Il a une belle présence sur scène, il est impossible de le nier. Mais, ce qui fait de lui un incontournable, c’est la même chose qui lui a fait remporter le Félix du «Scripteur de spectacle de l’année» à l’Autre Gala de l’ADISQ 2012: son talent de conteur.

Tel un Fred Pellerin nouvelle génération, Patrice Michaud est capable de captiver une salle de spectacle entière en racontant tantôt sa fascination pour le catalogue Sears (de Noël, surtout) et pour la guitare électrique Yamaha rouge de la page 72 de l’édition 1988, tantôt son amour de la Gaspésie en parlant des particularités de chaque village (sauf Cap-au-Renard, qui n’a, semble-t-il, rien à offrir!). Même engagé dans ses contes, Michaud s’est longuement attardé, dans un monologue bien rythmé sur fond de musique simpliste, à la typique madame Avon. Véritable critique de la société camouflée, cet aparté a été d’autant plus réussi qu’il a fait réfléchir en plus de faire rire.

C’est donc un mélange de spectacle musical et d’humour-conte que Patrice Michaud a à offrir pour le plus grand bonheur de tous. A-t-on droit à moins de chansons en raison des monologues? Pas du tout, car l’artiste a livré dix chansons sur treize présentes sur son album, Le triangle des Bermudes, en passant par la pièce-titre, «Cahier Canada», «Des trous dans les bas» et les deux très rock «Klondike» et «C’est chien pour les singes», en plus de quelques nouveautés. Parmi toutes ces pièces, il faut également noter la présence de la guitare hawaïenne, qui est venue supporter de jolie façon un grand nombre de performances, notamment celle de «Les bombes, Zoé». Mais c’est réellement l’effort de Patrice Michaud pour bien rendre ses textes personnels et sentis, autant en performance vocale qu’en tant que conteur, qui impressionne et enchante.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Alice Côté Dupuis

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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