«Géolocaliser l’amour» de Simon Boulerice – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«Géolocaliser l’amour» de Simon Boulerice

«Géolocaliser l’amour» de Simon Boulerice

Amour gai 2.0

Publié le 13 janvier 2017 par Sara Thibault

Crédit photo : Les Éditions de Ta Mère

Simon Boulerice a certes une très belle plume, que l’on a pu apprécier dans ses albums jeunesse («Florence et Léon», «Edgar Paillettes», entre autres choses), ou encore dans ses pièces de théâtre («Pig», «Tout ce que vous n’avez jamais vu à la télé»), alors qu’il présente la différence entre les individus comme une richesse à préserver et à valoriser. C’est toutefois dans un tout autre registre qu’il puise son inspiration pour l'écriture de son plus récent roman, Géocaliser l’amour, lequel explore le thème de la recherche amoureuse à l’ère du numérique.

Au rythme des conquêtes sexuelles du narrateur aux quatre coins de Montréal et des alertes de son Grindr, Simon Boulerice dresse un portrait à peine caricatural de la réalité des célibataires gais dans la trentaine. Derrière le récit de ses histoires de cul plus anecdotiques les unes que les autres se cachent une profonde solitude et un besoin de se sentir désiré. Le narrateur ne peut compter que sur la fidélité de Siri pour se faire dire «je t’aime» sans paniquer.

L’authenticité avec lequel il se dévoile se distingue de l’image construite avec laquelle il piège ses amants potentiels.

L’impudeur du narrateur, qui raconte avec détachement l’ampleur de ses déceptions et de ses échecs amoureux, contraste avec la forme poétique du roman divisé en fragments. Le roman est d’ailleurs sous-titré «roman par poèmes». Cette forme brève donne un rythme particulier au livre, qui fait que le lecteur est rapidement emporté dans le tourbillon effréné de la vie amoureuse et mondaine du narrateur.

Dans un style qui ressemble à celui de Mathieu Arsenault dans La vie littéraire, Simon Boulerice ancre son roman au cœur de l’élite artistique québécoise et internationale, en se référant à des artistes issus de tous horizons, d’Egon Schiele aux Beatles et de Kubrick à Jeanne Moreau. Le name-dropping occupe une place centrale dans le récit du narrateur, qui mélange sans distinction le nom des personnalités du showbiz avec qui il traîne et ceux des gars qu’il baise. Les allusions aux années de colocation avec la comédienne Ève Landry et à ses «tatouages gênants» se mélangent au goût savoureux des doggy bags de sa mère et du «sexe aphone de Julien».

Si Géolocaliser l’amour est rempli de références aux travers de la société québécoise actuelle, nous pourrions nous demander comment le roman traversera le temps. Le décès de Rita Lafontaine est encore frais dans la mémoire et les allusions à Occupation double font encore sourire, mais le portrait de génération sera peut-être moins juste dans quelques années à peine.

«Géolocaliser l’amour» de Simon Boulerice, Les Éditions de Ta Mère, 224 pages, 20 $.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Critiques de théâtre PIG-simon-boulerice-theatre-prospero-critique-bible-urbaine-3

«PIG» de Simon Boulerice au Théâtre Prospero

Romans québécois critique-bible-urbaine-simon-boulerice-paysage-aux-neons-editions-lemeac

«Paysage aux néons» de Simon Boulerice

Vos commentaires

Revenir au début