«La curieuse histoire d’un chat moribond» de Marie-Renée Lavoie – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«La curieuse histoire d’un chat moribond» de Marie-Renée Lavoie

«La curieuse histoire d’un chat moribond» de Marie-Renée Lavoie

Débrouillardise 101

Publié le 28 avril 2014 par Isabelle Léger

Crédit photo : Éditions Hurtubise

La popularité des chats ne se dément pas, elle est même en plein essor. Bien franchement, pour nous intéresser, le minou a affaire à être spécial, parce que même avec beaucoup de bonne volonté, on commence à en avoir trop vu. Eh bien, celui-ci remplit la commande: il se dit spécial, et il l'est.

Marie-Renée Lavoie est entrée avec force dans l’espace littéraire québécois il y a quatre ans, alors que son premier roman, La petite et le vieux, était couronné de succès tant critique que populaire. Après un deuxième roman adulte, la voici qui réapparait du côté de la littérature jeunesse, avec cette histoire dont le narrateur et héros est un chat. Un mini-chat qui ne grandit pas, mais qui en a dans le ciboulot, vivant dans une famille de bonhommes allumettes. Conscient que, tout félin qu’il soit, il y aura certainement un jour une limite à frôler la mort à répétitions, il traverse les aventures avec positivisme et opportunisme.

Pleine de rebondissements, cette histoire destinée aux petits et grands de 8 à 88 ans est écrite dans un style humoristique fin et plein d’esprit. Après s’être perdu et avoir été rescapé in extremis par une fillette, il fait une visite chez le vétérinaire. Ayant appris qu’il trimbalait toute une faune de parasites, il relate: «Ce jour-là, je me suis senti très important. J’appartenais vraiment à la chaîne alimentaire.»

L’auteure démontre encore une fois un grand naturel dans le travail linguistique, un plaisir de la langue évident et communicatif. À propos de Prémâché, le gros matou magané, doyen et patron de la ruelle, le héros remarquera: «Il aurait été impossible de dire de quelle couleur il était. Crasse sur taches d’huile, peut-être.»

La littérature jeunesse sert souvent de courroie de transmission ou de prétexte à certains thèmes. Ici, le ton est loin du discours pédagogique qui chercherait à passer des messages ou à éduquer, voire à aborder des questions délicates. Le lecteur a donc tout loisir d’apprécier les quelques petites réflexions glissées subrepticement ici et là; par exemple, Ti-Chat refuse de manger les araignées du logis par déférence envers celles qui lui avaient permis de rester en vie dans la forêt avant son sauvetage par des humains. Il fait même de son mieux pour les sauver à son tour et conclut en déclarant que «ce sont des choses qui arrivent plus souvent qu’on pense dans l’Histoire». Pour en savoir plus, adresse-toi à tes parents, nous, on passe à un autre sujet.

Gentiment parsemés de quelques dessins au crayon, les épisodes de la vie de Ti-Chat ont tout d’un scénario de court métrage d’animation. Moitié narré, moitié dialogué, ce récit plein d’originalité et de créativité suscite les images mentales et provoque un sourire quasi permanent au lecteur. Certaines allusions, certains jeux de mots dépassent la capacité de compréhension des enfants de huit ans? Cela ne rend la chose que plus intéressante pour ceux de dix et douze ans. Pas de grande discussion nécessaire après coup, les enfants comprendront eux-mêmes qu’abandonner un chat quand on déménage, c’est triste et honteux. À offrir sans réserve pour le plaisir de la lecture.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début