«L’équation de plein été» de Keigo Higashino – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«L’équation de plein été» de Keigo Higashino

«L’équation de plein été» de Keigo Higashino

Une mort atroce dans un paysage bucolique

Publié le 29 septembre 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Noirs

L’inspecteur Kusanagi et le scientifique Yukawa se retrouvent à nouveau mêler au sein d’une enquête policière complexe tournant autour du décès d’un ex-policier de Tokyo, Masatsugu Tsukahara. Évidemment, rien ne va plus, et les deux hommes vont devoir user de leur flair remarquable pour comprendre comment cet homme, en apparence blanc comme neige, s’est retrouvé raide mort sur des rochers en bord de mer dans la région balnéaire Hari-Plage.

L’écrivain japonais Keigo Higashino, originaire d’Osaka, au Japon, est certainement l’un des chefs de file en matière de romans policiers asiatiques. Possiblement aussi un fidèle lecteur de la défunte Agatha Christie, dont il n’hésite pas à emprunter certains rouages narratifs, l’auteur excelle avec L’équation de plein été dans l’art de la dissimulation d’indices. Et il a d’autant plus complexifié son histoire en laissant le lecteur au service de son protagoniste Kyohei Esaki, qui nous fait voir à travers ses yeux de jeune enfant naïf de dix ans le déroulement complexe de l’enquête. Ne soyez pas étonnés: son but est de nous mener en bateau jusqu’au chapitre final. Ceci dit, ce n’est aucunement une surprise; c’est là l’habitude d’Higashino: il excelle dans l’art de se jouer de son lecteur!

Ce n’est donc pas étonnant de retrouver à nouveau au cœur du récit le scientifique Yukawa, qui occupait un rôle assez important dans l’excellent polar Le dévouement du suspect X, à défaut d’avoir pu briller dans l’œuvre phare Un café maison du même auteur. Avec L’équation de plein été, Keigo Higashino entraîne son lecteur dans une espèce d’enquête huis clos où tout le mystère tourne autour d’une même famille, les Setsuko, qui tiennent l’auberge Rokuganso, lieu où la victime Masatsugu Tsukahara a été aperçue la dernière fois de son vivant. Mais le problème, c’est que tout le monde est suspect dans cette histoire, et la police tourne en rond, comme un chat courant éperdument après sa queue.

Ce cinquième roman, suivant la réédition de La prophétie de l’abeille en 2013, n’est peut-être pas le plus ébahissant en termes d’ingéniosité, mais il a toutefois le mérite de nous faire zigzaguer de pages en pages en compagnie de Kyohei Esaki, jeune garçon fort économe en mots, qui fait voir au lecteur ce qu’il a bien envie de lui faire voir. Ainsi, on se laisse mener en bateau par cette structure d’enquête complexe qui nous laisse en reste, faute d’avoir toutes les pièces pour reconstituer le casse-tête. Contrairement à l’auteur Seichô Matsumoto, où le meurtrier est dévoilé dès les premières pages, Higashino s’entête à nous faire foncer les sourcils dans cette enquête où les interrogés devront jouer cartes sur tables pour se disculper les uns après les autres. Vous êtes un amateur d’enquêtes policières coriaces? Ce roman est pour vous. 

 

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