«Les Amazones» de Josée Marcotte: une mythologie dystopique «post-féministe» – Bible urbaine

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«Les Amazones» de Josée Marcotte: une mythologie dystopique «post-féministe»

«Les Amazones» de Josée Marcotte: une mythologie dystopique «post-féministe»

Publié le 1 octobre 2012 par Luba Markovskaia

Les Amazones de Josée Marcotte, qui porte la mention générique de roman, est une suite de micro-récits, chacun représentant un personnage d’Amazone.

En filigrane de chacun de ces portraits se dessine une communauté de femmes guerrières. Cette communauté semble d’emblée triomphante, puisqu’elle se construit sur les ruines du capitalisme, de la société du spectacle et du patriarcat, mais elle apparaît progressivement sous un jour dystopique: il s’agit d’une communauté autarcique et totalitaire, où le langage et la parole mêmes sont tyranniques au point de s’inscrire violemment sur les corps, une communauté spartiate asservie aux Lois des «mères fondatrices» où l’intimité, la lecture et l’enfantement sont passibles de «purges» meurtrières. 

L’auteure esquisse, dans une langue finement ciselée au point de n’en laisser que le tranchant essentiel, la mythologie d’un avenir post-apocalyptique, qui semble prendre racine dans les revendications de notre époque, mais qui ne laisse présager aucune avancée réelle. Au contraire, la prophétie de Tirésia annonce une histoire terriblement cyclique, un éternel retour à l’image du retour de la figure de l’Amazone.

Les Amazones, malgré son épurement, est un texte auquel il faudra sans doute s’atteler à plusieurs reprises afin de décrypter toutes les références intertextuelles et démêler le labyrinthe de sa structure interne, dont l’architecture semble savamment composée. Mais on peut aussi simplement goûter le travail de la langue, et l’imaginaire d’un texte qui a le mérite, malgré toute son intertextualité, de ne ressembler à aucun autre.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: L’Instant même

Écrit par: Luba Markovskaia

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