«Les blondes» d'Emily Schultz – Bible urbaine

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«Les blondes» d’Emily Schultz

«Les blondes» d’Emily Schultz

Le roman de la rentrée d'hiver

Publié le 25 janvier 2014 par Sandra Felteau

Crédit photo : Éditions Alto

Après le succès du roman The Blondes au Canada anglais et aux États-Unis, les éditions Alto ont sorti la semaine dernière la version française du bouquin, traduit par Éric Fontaine. Déjà, la critique est presque unanime: d’une originalité déconcertante, Les Blondes nous contamine dès les premières pages. Plan rapproché sur l’histoire imaginée et habilement écrite par Emily Schultz.

Hazel Hayes travaille sur une thèse de doctorat visant à déterminer en quelle manière la beauté amène la puissance et conduit à des comportements colériques et hystériques chez les femmes qui n’obtiennent pas ce qu’elles veulent par leur apparence. Sa réflexion n’est pas encore très avancée lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte de son directeur de thèse (marié et à plusieurs centaines de kilomètres), seulement quelques jours après avoir quitté Toronto pour New York. Vivant pour l’instant à l’hôtel (après avoir été découragée par l’insalubrité de l’appartement où elle a habité en arrivant à Manhattan), son budget limité est presque épuisé lorsqu’elle décide de retourner en Ontario pour confronter Karl.

Déjà, des accidents impliquant des femmes au comportement troublant ont cours un peu partout à New York, et bientôt aux quatre coins du globe. On en vient vite à une conclusion : pour une cause inconnue, une épidémie mondiale fait rage et s’attaque spécifiquement aux femmes blondes (naturelles, teintes ou même méchées!) Lorsqu’elles l’attrapent, ces «furies blondes» deviennent incontrôlables et s’attaquent à tous ceux qui sont sur leur passage. Hazel est témoin de la première de ces attaques dans le métro de New York, mais ce ne sera que la première d’une longue série.

Le fond est assez radical. À travers le personnage de Karl, un homme obsédé par le sexe qui n’a pas fait l’amour à sa femme depuis huit ans et qui fréquente régulièrement ses étudiantes, on sent une critique virulente et féministe de la société, mais sans jamais se sentir coincé dans une prise de position statique. D’abord, on apprend que le véritable nom de famille de Karl l’a ridiculisé au point qu’il le change lors de ses études supérieures (on vous garde la surprise!), et ensuite, les visions respectives d’Hazel et de Grace – la femme de Karl – se recoupent afin de former un portrait plus humain de cet homme.

S’adressant au fœtus grandissant dans son ventre, Hazel essaie de se faire une alliée dans un monde où les femmes sont perçues selon leur degré de danger de contagion et mises en quarantaine dès qu’elles représentent la plus minime menace. Bien plus que le récit d’un simple passage à l’âge adulte, Les Blondes dresse un portrait à la fois exagéré et très réaliste d’une situation à la base peu probable, mais qui au fil des pages fait de plus en plus de sens.

Un personnage franc, très représentatif des jeunes adultes d’aujourd’hui et qui fait écho aux filles de la télésérie Girls, aux prises avec des diplômes menant à des emplois précaires et des relations amoureuses complexes, brouillées par les nouvelles réalités de l’attachement.

Grâce à d’habiles allers-retours entre le présent d’Hazel dans le chalet ontarien du père de son enfant et la série d’évènements qui l’y ont menée, Emily Schultz fascine, captive et surprend le lecteur. Dommage que ses romans précédents ne soient pas encore traduits en français, car cette lecture donne définitivement envie de s’y plonger!

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