«Wildwood» de Johanne Seymour – Bible urbaine

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«Wildwood» de Johanne Seymour

«Wildwood» de Johanne Seymour

Vivre un premier amour sur fond de tragédie

Publié le 30 septembre 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : Libre Expression

Été 1968. Michelle Trudel, une adolescente qui désire plus que tout son fantasme de lifeguard de style Alerte à Malibu, quitte aux côtés de ses parents Verdun pour Wildwood, une ville balnéaire de la côte est américaine, où sa famille et elle ont l’habitude d’aller passer leurs vacances estivales. D'une grande beauté, le décor respire la plénitude dès leur arrivée, mais un évènement tragique bouleversera l’été de ses seize ans: Michelle découvrira, sur la plage, le macchabée d’une jeune femme fraîchement assassinée.

Johanne Seymour, que l’on connaît comme présidente-fondatrice du festival international de littérature policière «Les Printemps meurtriers de Knowlton» et romancière, entre autres, des polars Eaux fortes, Le cercle des pénitents et Le Cri du cerf, tous parus aux éditions Expression noire, n’a jamais réellement eu l’habitude des histoires à l’eau de rose. Son style s’est par contre assagi avec Wildwood, puisque le récit des vacances estivales de Michelle Trudel, malgré le destin des personnages gravitant autour d’un meurtre, s’avère d’autant plus un roman d’apprentissage qu’un polar sadique. Car les personnages de Wildwood sont d’abord et avant tout profondément humains, voire attachants.

Avec comme trame de fond la guerre du Vietnam, l’anxiété palpable des proches des futurs combattants, et les cicatrices béantes laissées par ceux qui ont réussi à revenir en un morceau, mais le cœur en miettes, Wildwood portraiture avec un réalisme vibrant la fin des années 60 aux États-Unis. Et c’est probablement la plus belle réussite de Seymour: avoir su donner vie à une histoire poignante qui a d’autre prétexte d’exister qu’un simple meurtre entraînant une sempiternelle enquête policière comme nous en avons tant l’habitude dans la littérature américaine et scandinave contemporaine.

En bon témoin des moindres faits et gestes de Michelle Trudel, le lecteur n’a d’autre choix que se laisser entraîner par l’excitation du protagoniste qui renoue avec ses souvenirs, excitée surtout à l’idée d’enfin profiter du calme de la mer et de ses retrouvailles avec son amie Denise et son copain Ben. Mais cet été sera différent des autres: Michelle va tomber en amour avec le lifeguard qui peuplait ses fantasmes de jeune fille, mais le séduisant Tom Riley souffre d’un choc post-traumatique d’après-guerre et détient à lui seul la clé de son monde intérieur.

Michelle aurait été loin d’imaginer que ses vacances prendraient une telle ampleur. Entre l’éveil de son désir, son amour impossible pour Tom et la peur de découvrir la vérité autour du meurtre de la jeune femme assassinée, elle devra tenter de faire la lumière sur tous ces non-dits et participer activement, sur le même terrain de jeux que l’inspecteur Sam Garcia, à faire tomber les masques du ou des coupables. Comme quoi nous ne sommes jamais à l’abri de rien, et ce, même dans un décor idyllique comme celui de Wildwood.

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