«À hauteur d'homme», le nouvel EP de Chantal Archambault – Bible urbaine

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«À hauteur d’homme», le nouvel EP de Chantal Archambault

«À hauteur d’homme», le nouvel EP de Chantal Archambault

Aborder le mal de l'autre

Publié le 30 mai 2016 par Solveig McClure-Poirier

Crédit photo : Duprince

Le 20 mai dernier, Chantal Archambault lançait un nouvel EP intitulé À hauteur d'homme, un projet spontané qu'elle a entrepris et autoproduit suite à la réception d'une bourse de recherche et de création. Ce mini-album de 5 pistes nous replonge directement dans l'univers ensorcelant de ses premiers albums solos tout en marquant un perfectionnement de sa plume.

À l’écoute de cet opus, on reconnaît, dès les premières secondes, la voix charmante et harmonieuse de la Montréalaise d’adoption. Alors que son précédent album, l’Amour ou la soif, dresse un portrait plus naïf et confiant des relations amoureuses, ce plus récent opus dresse une vue d’ensemble davantage inquiète et incomprise, alors que la chanteuse semble se questionner au sujet de ce qui se passe dans la tête de l’autre.

Ce sont les hommes qui se retrouvent au cœur de ces cinq chansons alors que Chantal Archambault aborde une multitude de sujets tels que la dépression, la tristesse ou encore les relations amoureuses. Dans la deuxième piste, intitulée «Corps étrangers», elle chante avec sensibilité le sujet de la dépression comme le désir de se cacher de ses émotions. «Ton coeur est grand, avec le temps, tu peines à t’y retrouver / je ne forcerai pas le coeur d’un homme je te laisserai / déterrer la clé perdue dans le champ de mines que t’as semé.»

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La troisième chanson, «Dos d’âne», est un beau récit d’incertitude, alors que l’on ressent la retenue de l’autre à vivre entièrement une histoire. «À force d’avoir peur de revoir dans ton rétroviseur / les blessures qui retiennent tes chances de regoûter au bonheur / t’as mis des dos d’âne en avant de ton cœur». On imagine d’ailleurs que la jeune femme a dû observer ou s’inspirer d’histoires avec des hommes pour cet EP qui aborde de plein front les difficultés que rencontrent ces derniers à parler ou extérioriser leurs sentiments ou leurs angoisses. «Le jeu des accroires», qui suit cette dernière, va dans le même sens, mais cette fois Chantal Archambault chante plutôt cette manie que l’on a de se cacher de peur de se faire rejeter.

«C’est à croire que l’on ne peut s’aimer sans personnage, sans maquillage ou tout habillé».

Dans la totalité de l’album, on retrouve cette même habileté à dépeindre des images et des atmosphères à l’écrit, l’une des plus grandes forces de ce mini opus. Avec cette force d’écriture qui est sienne, elle réussit à captiver l’écoute et offre un album qui se déguste tel un film et que l’on écoute tout aussi bien dans les tympans qu’avec les images qui se faufilent dans la tête et qui nous accompagnent par la suite. Le thème central y est fort intéressant, puisque c’est en abordant l’autre que l’on réussit nous-mêmes à mieux se comprendre.

Pour réaliser cet album, la chanteuse s’est entourée d’Alex McMahon (qui a auparavant travaillé avec Alex Nevsky, Yann Perreau et Catherine Major). Cette nouvelle collaboration a permis d’ajouter à la musique d’Archambault des éléments non acoustiques, ce qui a pour effet d’ajouter de la chaleur et de la cohésion au disque.

Si Chantal Archambault continue de peaufiner son art comme elle le fait si bien chaque fois, on peut certainement se permettre d’attendre avec impatience la sortie d’un nouveau projet.

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