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«Comme si nous étions déjà libres» d’Organ Mood

Décliner l'audace en neuf tableaux musicaux

Publié le 9 juin 2015 par Jim Chartrand

Crédit photo : www.organmood.bandcamp.com

Il y a de ces groupes qui n'aiment pas les conventions et c'est bien tant mieux pour nous. Pourquoi? Parce que cela nous permet de confronter et de succomber à des bijoux comme la plus récente offrande de l'audacieux duo derrière Organ Mood, un groupe originaire de Sherbrooke. Leur deuxième album, intitulé Comme si nous étions déjà libres, se présente sous la forme d'un vinyle inséré dans un livre de trente-deux pages, mais également sous celle d'une perle musicale visant à faire vibrer notre quotidien.

Moins d’un an après s’être mérité, aux côtés de Rémy Nadeau-Aubin, le Jutra de la meilleure musique originale suite à leur mémorable collaboration au troisième long-métrage de Stéphane Lafleur, Tu dors Nicole, voilà que le groupe Organ Mood offre un deuxième album.

C’est donc cinq ans après leur premier, Grands Projets (comme quoi il projetait avec justesse leur propre avenir) et trois suites au EP Consciemment Inconsciemment, composé de trois pièces magnifiques, qu’il se lance dans un projet des plus ambitieux, à savoir celui de persévérer dans ce désir de transcender la façon de présenter la musique.

Avec le duo visionnaire, composé de Christophe Lamarche-Ledoux (aux arrangements musicaux) et Mathieu Jacques (aux images), il faut alors voir plus loin, dépasser ses propres capacités, et se donner la volonté de percevoir la musique autrement, soit au-delà de ses caractéristiques habituelles.

Après tout, on peut voir l’ensemble de l’album comme une déclinaison de neuf tableaux distincts, aussi différents que fort inspirants les uns que les autres, où se mutent à nos oreilles des pièces d’une beauté somptueusement immersive. On pense rapidement à la très jolie «Mouvement des places», qui vient directement réchauffer le coeur en le faisant généreusement tournoyer.

En continuant de jouer sur les durées qui peuvent aller d’une à huit minutes, le groupe se permet des envolées qui s’avèrent en constante métamorphose, facilitant leur grande agilité à nous faire planer avec brio dans leurs délires. Que ce soit avec l’évolutive «Nouvelles pistes» ou l’étincelante «Desire Paths», on a amplement de matériel pour nous faire rêver les oreilles grandes ouvertes, alors que le groupe s’assure intelligemment de ne pas laisser nos autres sens en reste.

Le livre d’art de trente-deux pages, qui est au fond à la base même du projet, doit après tout être un accompagnement essentiel à l’expérience, s’avérant être la portion visuelle de l’ensemble qui devrait prendre la forme de projections lors de leurs performances à venir.