«Sciences nouvelles» de Duchess Says – Bible urbaine

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«Sciences nouvelles» de Duchess Says

«Sciences nouvelles» de Duchess Says

Explorations en terrains connus

Publié le 16 novembre 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : Philippe Beauséjour

Le culte de la Perruche est de retour! Désirant explorer de nouvelles avenues musicales tout en conservant, comme ils aiment l'appeler, leur style «moog rock», le vigoureux quatuor Duchess Says sonne la charge avec un album qui devrait peut-être, enfin, leur enlever cette étiquette «underground» leur collant aux basques depuis trop longtemps.

D’abord, de solides morceaux, accrocheurs et ludiques à souhait, viennent s’ajouter au catalogue mordant des duchesses. On pense en premier lieu au dansant «I Repeat Myself», puis au sombre défouloir «Negative Thoughts», tous deux dévoilés en primeur avant la sortie de l’album dans les bacs, vidéoclips accompagnateurs en sus.

Précédant tout juste ces deux titres, «Inertia» et «Inertia Part II» démarrent les hostilités avec aplomb. Première (et la meilleure) de trois pièces instrumentales disséminées au sein de Sciences nouvelles, on s’y imagine avec aisance la grande prêtresse Annie-Claude bodysurfer, les yeux révulsés, au-dessus d’une foule conquise. C’est donc dire que, jusque-là, tout baigne et on ne pourrait demander mieux comme entrée en matière.

En revanche, l’album peine à maintenir une vitesse de croisière satisfaisante, s’essoufflant à la mi-temps. Passé les singles, les morceaux les plus faibles viennent se greffer au beau milieu de cette célébration païenne, coupant ainsi le fun en deux.

«Poubelle», une seconde pièce instrumentale, tire son nom de l’utilisation, justement, d’une poubelle comme objet de percussion. Ça cogne et ça tambourine avec frénésie, mais on reste dans l’anecdotique, pour ensuite rapidement passer à autre chose.

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La force de Duchess Says ne résidera probablement jamais au niveau de la richesse du texte (on s’en balance un peu, pour les fois où on arrive à discerner les mots vociférés tant en anglais qu’en français) et «Travaillez», une énième complainte sans grande originalité sur le monde aliénant du travail de bureau, à la chaîne, etc., ennuie plus qu’elle ne divertit; aussi aura-t-on du mal à en justifier une écoute répétée.

Idem pour «Talk in Shapes», sorte de méli-mélo abstrait de bruits sortis d’on ne sait quel état de conscience, donnant au terme «expérimental» son sens le plus rébarbatif. Quelqu’un a dit «toune de remplissage»? On se réveille avec la dynamique «I’m An Idea» et la criarde «Pink Coffin» pour ensuite clore sur «The Family Physicians».

Des noms de bands tels que Devo et Suicide ressortent au jeu des comparaisons sonores. Tout ça est bien chouette, sauf que nous ne sommes plus en 1986! Par conséquent, la plupart des sonorités proposées sur Sciences nouvelles dégagent un petit air de déjà vu, et ce, souvent en mieux. Mais bon, pourquoi trop changer une formule gagnante?

Cet aspect référencé, couplé à une baisse notable et tout à fait normale du niveau d’agressivité dû au passage des années (rappelons-nous le choc de «Tenen Non Neu») permettent aujourd’hui à Duchess Says l’obtention d’un niveau d’accessibilité accru. Et on leur souhaite tout plein de nouveaux fans; ils le méritent pleinement.

Enfin, malgré l’inégalité du disque, il ne faudrait surtout pas y voir là le signe d’un groupe en perte de possession de ses moyens et on recommandera plus que jamais, si ce n’est déjà fait, d’aller voir en live ces artistes essentiels à la scène musicale québécoise. Une expérience incantatoire unique en son genre, revitalisation complète à la clé, que tous les compléments vitaminés du monde ne sauraient remplacer.

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