«Superfolk», le cinquième disque de Ian Kelly – Bible urbaine

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«Superfolk», le cinquième disque de Ian Kelly

«Superfolk», le cinquième disque de Ian Kelly

Bien chanter le bonheur, c’est possible

Publié le 14 mars 2016 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Sunset Hill Music

Cela fait maintenant 11 ans que Insecurity, le premier album de Ian Kelly, est paru sur le marché; 11 ans que l’artiste nous berce avec sa voix chaleureuse et ses ballades folk détendues, apaisantes, même. De retour avec Superfolk, un disque de treize nouvelles compositions qui a fait bien du chemin – son disque dur comprenant les enregistrements lui avait été dérobé l’été dernier, puis retrouvé –, Kelly ne change pas la formule, mais il aurait tout de même été dommage de perdre ce matériel, car on a l’impression que cet opus porte un regard sur les réalisations de l’artiste, sur sa vie, avec une maturité qu’il plaît de découvrir piste après piste.

«I found a house that’s a home / I feel I won’t be alone / It seems that everything I do I want to do for you» chante Ian Kelly dès la troisième plage, «Comforting Soul», qui comporte une belle mélodie à la guitare acoustique en fingerpicking, ainsi que des voix qui se superposent et se répondent, doucement, rendant le morceau très apaisant. Cela donne le ton pour Superfolk, son cinquième album en carrière, qui se révèle effectivement comme l’accomplissement de quelque chose, l’assurance que l’artiste est à sa place, bien confortable et bien entouré, mais aussi qu’il a envie de redonner de l’amour reçu, puisqu’on y retrouve plusieurs chansons d’amour, souvent magnifiques, quelquefois un peu plus fleur bleue, ces dernières se démarquant moins dans le style et dans la forme.

C’est le cas de «Comme un loup», la seconde de deux ballades en français offertes sur l’opus, qui est entraînante, mais qui possède un texte qui joue dans le champ lexical des animaux et de la nature, et qui n’est pas à la hauteur de la poésie habituelle de Ian Kelly. Par contre, l’extrait radio «Montréal», aussi dans la langue de Molière, prouve que le français sied bien à l’artiste, et son refrain est un véritable ver d’oreille. Son changement d’ambiance et de tempo pour une finale tout en douceur est une touchante démonstration d’amour pour la métropole, néanmoins, il brise le rythme et le charme de cette chanson entraînante et les deux parties s’enchaînent d’une façon qui ne coule pas si naturellement. On ne désespère toutefois pas que le compositeur saura apprivoiser mieux encore la langue et nous livrer d’aussi magnifiques compositions en français qu’en anglais, dans le futur.

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Malgré tout, Superfolk ne déçoit pas, et malgré que la base de chaque chanson joue autour de la guitare acoustique et du piano, les treize compositions sont toutes efficaces à leur façon, et réussissent à nous toucher. Certaines se démarquent un peu plus, toutefois, grâce à leurs couleurs particulières: c’est le cas de «I Hope to See You Again», avec sa rythmique plus dynamique, ses hands claps et sa voix plus vivante, mais aussi de «Mason Jars», qui offre des sonorités un peu plus blues, grâce à l’orgue, ce qui donne un résultat très réussi. La livraison moins fluide, plus théâtrale, démontre aussi de belles nuances dans la voix du chanteur, et même s’il s’agit d’une vraie chanson d’amour romantique – «Everything she makes has got a sweet taste to it / Everyone she greets has got a good place to sit / She’s the key to my lock / And we’re a perfect fit» – elle ravit complètement.

«Let it All Out» se révèle différente aussi, avec son ambiance un peu reggae, ses sifflements et son refrain énergique, et ses différentes sonorités électroniques pour donner de belles couleurs au morceau. Mais il faut mentionner que malgré que la guitare acoustique soit omniprésente sur l’opus, c’est véritablement supportée simplement par un piano que la voix de l’artiste se révèle plus chaleureuse et saisissante encore. Sur la ballade vivante «You’ve Got Your Reasons to Love Me», la mélodie centrée autour du piano ravit, et les sons de celui-ci, de la guitare acoustique et du banjo se répondent de très jolie façon. Une autre ballade au piano, «Ready For Love», se hisse parmi les morceaux les plus poignants. Son ambiance un peu plus planante, comme suspendue dans les airs, donne un morceau d’une douceur infinie, aussi apaisant qu’enlevant, très interpellant, qui offre une belle intensité contenue, et qui est l’un des plus beaux du disque.

Il faut dire que la voix particulière et chaleureuse de Kelly y est pour beaucoup dans l’appréciation de ses ballades; elle est délicate et sensible sur «I Love You More», elle s’élève en hauteur et en puissance sur «California» et nous saisit, et elle s’envole en force, avec des notes tenues, touchantes, pendant «Snowflake». Très senti et sincère, autant dans ses propos que dans sa livraison, Ian Kelly donne l’impression qu’il a offert sur cet album tout ce qu’il est lui-même: une enveloppe chaleureuse, une âme heureuse, un ton apaisant, de la douceur et de l’authenticité.

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