«Sur la terre», le nouvel album de Pierre Flynn – Bible urbaine

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«Sur la terre», le nouvel album de Pierre Flynn

«Sur la terre», le nouvel album de Pierre Flynn

Observateur de son temps, survivant de son époque

Publié le 13 avril 2015 par Valérie Lachaîne

Crédit photo : Béatrice Flynn

Longue fut l’attente. Quatorze ans se sont écoulés depuis le dernier album de Pierre Flynn, Mirador, qui avait vu le jour en 2001. Certains n’y croyaient presque plus. Et pourtant, c’est à l'âge de 60 ans que l’artiste offre un tout nouvel album de compositions originales. L’homme sort de sa tanière quand il est prêt, quand il a quelque chose à dire. Et le moment est venu.

Tout de suite, le sentiment que la voix de Flynn n’a pas perdu une once de sa puissance. On en reconnaît sa clarté, ses intonations, sa marque de commerce. Cette fois, on ajoute des cordes et des cuivres, créant un enrobage qui se marie parfaitement à l’ensemble de la musique et surtout de sa voix. À ce sujet, l’artiste signe toutes les paroles et musiques. Il a cependant fait appel à la vision d’Éric Goulet et Philippe Brault à la réalisation, de même qu’à Louis-Jean Cormier qui est venu mettre sa touche aux arrangements.

Sur cet album, Pierre Flynn se questionne beaucoup sur l’humanité, sur les habitants de cette terre. Tel est le cas sur «Le dernier homme», premier extrait de l’album, qui évoque les constats d’un survivant. Observateur de son temps, il est capable d’aller déceler ce qui nous passe entre les doigts en y ajoutant sa poésie unique. Comme sur la très belle «Si loin si proche», où les cordes se mêlent aux paroles d’un père qui voit sa fille de vingt ans prendre son envol. Un texte très inspirant et plein d’espoir, mais qui inclut à la fois des remises en question, «à toi la vie, n’obéis pas». Et que dire de «24 secondes», chanson de tendresse où les métaphores se font plus belles les unes que les autres, «je serai ton loup de brume, toi mon petit soldat». La voix de Flynn fait partie des instruments et Dieu sait que si c’était quelqu’un d’autre qui chantait, l’effet ne serait pas le même.

Pierre_Flynn_2015_(crédits_Béatrice_Flynn)

On peut aussi sentir sur l’opus Sur la terre les influences de certains projets auxquels Flynn a collaboré. Par exemple avec «Étoile, étoile», où on entend subtilement Miron voguer derrière. Le ton de voix narratif dans les graves qu’on entend sur «Arianna» et «Duparquet» n’est pas sans rappeler Leonard Cohen, et il y fait clairement référence avec son «everybody knows» lancé en plein milieu d’une chanson. Sur «Parc Lahaie», ce sont les influences rock d’Octobre qui remontent à la surface, et le piano fait étrangement penser à Karkwa. Drôle à dire sachant très bien que ce groupe a dû s’inspirer d’Octobre à ses débuts… Dommage pour la clôture de l’album avec «Capitaine, Ô Capitaine», où la musique ne lève pas et où la présence d’une chorale de femmes clash énormément avec le reste de l’album où il y en a aucune. 

On pourrait presque dire que l’artiste éclôt chaque décennie. Le parfum du hasard en 1987. .Jardins de Babylone en 1991. Mirador en 2001. Sur la terre en 2015. Sur ce dernier, de la belle musique, des histoires narrées, et beaucoup de nature à coup de vent, d’étoiles, de bateaux et de montagnes. Le bateau est rendu au port, seul survivant: le capitaine du Classique Flynn.

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