«Rock of Ages» d’Adam Shankman: plaisir contagieux – Bible urbaine

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«Rock of Ages» d’Adam Shankman: plaisir contagieux

«Rock of Ages» d’Adam Shankman: plaisir contagieux

Publié le 15 juin 2012 par Jim Chartrand

L’adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway Rock of Ages, datant de 2005, parvient étonnamment à surpasser le pari de l’audace, tout en s’enfonçant constamment dans la «quétainerie» la plus inimaginable. Profitant d’un impressionnant casting de premier ordre et de chansons que l’on connaît d’ores et déjà par cœur, ce serait mentir à soi-même de ne pas prendre plaisir à cette grande mascarade.

Il y a des films qui, cinématographiquement, sonnent faux, et d’autres qui sont réalisés pour nous obliger à ne pas y adhérer, mais qui, emportés par leur aura culturelle (personnalités, chansons, origines, etc.), finissent par surpasser le média et nous envahir d’une joie incompréhensible. À l’instar de Mamma Mia! ou d’Hairspray, Adam Shankman ne tient certainement pas à réinventer la roue avec ses comédies musicales, mais s’il se plie aux exigences de notre époque un peu trop superficielle, il décide surtout d’en offrir pour tous afin de transformer son spectacle en véritable bonheur.

Sorte de croisement peu souhaitable entre Burlesque, Glee et le plus récent Footloose, Rock of Ages fait finalement bien mieux que tous ceux-ci, puisqu’il a l’avantage de ne pas niaiser trop longtemps, de parler des vrais affaires, et surtout de rejoindre un public cible plus large, tout en embrassant un ridicule et un ton kitsch des plus assumés (ou du moins, c’est ce qu’il laisse croire). Avec son mot d’ordre très sex, drugs and rock’n’roll, qu’il applique de façon carrément littérale, il est difficile de concevoir le fait que des jeunes se soumettent entièrement au film, rendant ce fruit défendu encore plus plaisant pour les aînés.

Mieux encore, la clientèle que l’on recherche est large et variée à souhait. D’un côté on s’arme de tête d’affiches aussi honorables qu’Alec Baldwin, Paul Giamatti, Bryan Cranston, Catherine Zeta-Jones et, bien sûr, la performance déjantée et essentielle de Tom Cruise; de l’autre des Russell Brand, Diego Boneta, Julianne Hough et compagnie. Comme quoi l’ambiance typiquement 80’s (époques, contextes sociaux et chansons au menu) aura de quoi faire vibrer bien des générations. Ce sera d’autant plus jubilatoire de savourer la véritable nature de la plupart des rôles qui leur seront confiés. Comme quoi chaque interprète aura certainement droit à au moins une scène bouillante d’ambiguïtés, en passant par Malin Akerman, qui se dévoue corps et âme dans une version, voire une vision inédite de la chanson «I wanna know what love is», tout comme l’un des meilleurs punchs de l’année se trouve du côté de l’histoire entourant Baldwin et Brand.

Pour le reste, si on se désole sur l’horrible montage, les lipsynch bizarrement synchronisés et les choix douteux de la réalisation, tout comme cette manie de pousser les comédiens à ne jamais jouer dans le bon ton, pour les fans de comédies musicales, c’est surtout l’ambiance qui l’emporte sur le ridicule du scénario co-écrit par le vétéran Justin Theroux le premier. De cette façon, on se laisse emporter par le grand côté flamboyant de l’ensemble, la part très rassembleuse de ces hits qui ne se démodent pas (même si on est un peu tanné de «Don’t Stop Believing»), et le plaisir contagieux que tous les interprètes semblent avoir sur le plateau.

Jonglant entre une complicité désarmante chez tous les comédiens et un désir prenant de tous les inviter à pousser la note à tout moment, que ce soit dans un combat savoureux entre Brand et Zeta-Jones qui hurlent tour à tour «We Build this City» et «We’re not gonna take it» dans un merveilleux mash-up, ou un Baldwin désemparé, Rock of Ages finit certainement par nous conquérir afin de devenir un plaisir coupable tout indiqué.

Qu’on ne se méprenne pas, donc, avec son histoire sans queue ni tête qui parle d’ascension et de chute de la célébrité, en passant par ses détours peu glorieux avec un sens révoltant du cliché, Rock of Ages n’est certainement pas en soi un très bon film. D’autant plus qu’il semble souvent précipité, et que ses morales cachent souvent des double-sens plutôt troublants. Pourtant, et parce qu’il a des airs de grosse parodie bouffonne tout simplement irrésistible, on ne pourra qu’adhérer avec bonheur à l’ensemble, sauter à pieds joints dans cette folie, et profiter de ce moment d’évasion en salle sombre et climatisée pour se rappeler encore et toujours qu’enfin l’été est définitivement arrivé!

Appréciation: ***

Crédit photo: Warner Bros

Écrit par: Jim Chartrand

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