Christine and the Queens et Kadebostany au Métropolis en ouverture de Montréal en Lumière – Bible urbaine

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Christine and the Queens et Kadebostany au Métropolis en ouverture de Montréal en Lumière

Christine and the Queens et Kadebostany au Métropolis en ouverture de Montréal en Lumière

Tout est dans la Chaleur Humaine

Publié le 20 février 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Mathieu Pothier

Ceux qui ont bravé le froid hier soir ont eu droit à tout un concert, celui de la Nantaise Christine and the Queens, qui était de passage dans notre métropole pour présenter sa Chaleur Humaine du haut de ses 26 ans. Loin d’être seule sur scène, comme en témoignait la présence de ses deux danseurs et deux musiciens, la jeune sensation européenne, sacrée artiste féminine de l’année aux Victoires de la musique le 13 février dernier, a ouvert son cœur et dévoilé ses pas de danse aux Montréalais avec un concert exaltant qui aura mérité deux rappels.

C’est avec «Starshipper» qu’Héloïse Letissier a brisé la glace, pièce qui se retrouve sur son EP Nuit 17 à 52, mini-album qui contient de vraies petites perles, tout comme Mac Abbey et Miséricorde. Mais tout juste avant de se montrer la bouille, celle qu’on surnomme Christine and the Queens a d’abord laissé ses musiciens (ou ses dragqueens comme elle se plaît à les appeler) former quatre ombres immobiles, avant que l’un d’eux déplace, avec grâce et comme au ralenti, l’un de ses bras vers son bassin, pour laisser place à la chanteuse tant attendue qui se tenait immobile, un micro à la main.

Elle venait tout juste de livrer «Half Ladies» que déjà le public s’échauffait, applaudissant à s’en rompre les articulations. «J’ai l’impression d’être une rock star et pourtant j’ai à peine chanté deux chansons», s’est-elle exclamée, visiblement intimidée mais aux anges, devant cette vague déferlante d’amour qui lui tombait dessus comme une tonne de briques. Et cette façon qu’elle avait de s’adresser à la deuxième personne du singulier, avec ce «tu» qui donnait l’impression qu’elle s’adressait à un tout; ou juste à nous. Voilà pourquoi on avait cette folle impression de se sentir si près d’elle.

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Et le minimalisme de ses chansons sur album adoptait, sur scène, une tout autre dimension, car on réalisait, avec les projections sur écran géant et les chorégraphies des deux danseurs noirs, que sa musique donne réellement l’envie de sortir du cancan du bien paraître, du trop figé. Christine and the Queens, c’est une ode à la liberté sexuelle, au laisser-aller, à la non-gêne et à l’acceptation de soi.

C’est dans cette dynamique qu’ont été interprétées «It», «Science Fiction», «Paradis Perdus» (dont le refrain est un emprunt à l’émouvante «Heartless» de Kanye West), «Christine», «Ugly-Pretty», «Chaleur Humaine» et «Saint Claude», cette chanson triste, pour reprendre ses mots, que plusieurs ont voulu immortaliser avec leur téléphone intelligent. Heureusement, ce fut le seul moment de «liberté technologique» de ce côté, les spectateurs ayant été plutôt respectueux.

Toujours avec humour, ou peut-être portée par la fébrilité d’une première fois à Montréal, Héloïse ou Christine, peu importe si c’était son alter ego qui parlait, s’est exclamée, tout sourire: «Chaleur Humaine! Tiens, on va s’assoir un peu. Ah… Y’a rien de plus efficace que de se réchauffer tous ensemble, n’est-ce pas?», a-t-elle affirmé assis sur scène, les jambes visiblement en coton après tous ces déhanchements, parfois calqués sur le roi de la pop, Michael Jackson.

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Il n’y a eu ni moments morts ni segments moins captivants, donc inutile de chercher des poux là où il n’y en a pas: Christine and the Queens a livré la performance à laquelle tout le monde s’attendait, c’est-à-dire une soirée qu’on se rappellerait un bon moment. Et qu’elle l’admette ou non, elle aura été préparé, la coquine, elle qui a réservé «Safe And Holy) en version a capella et «Loving Cup» pour la toute fin. Mieux encore, car elle est revenue sur scène une deuxième fois, c’est «Nuit 17 à 52» qui aura servi d’adieu, en attendant son retour en ville. Peut-être pour les FrancoFolies ou Osheaga?

Héloïse Letissier, en plus d’avoir conquis des cœurs, aura réussit à nous mettre à l’aise, comme libéré de toute convention, l’espace d’une soirée.

«Tu peux être tout ce que tu veux ce soir. C’est un espace sans jugements. Il n’y a que de l’amour.»

KADEBOSTANY

Surtout connu pour sa reprise du succès «Crazy In Love» de Beyoncé, qu’il a justement offerte hier soir, le groupe suisse Kadebostany a livré certes une bonne performance, mais n’a pas réellement réussi à percer la coquille des Montréalais. Malgré leur démarche sévère et quasi militaire, les cinq musiciens ont néanmoins pris tout l’espace, avec leurs mélodies éclectiques et entraînantes, dominées par la voix d’Anima, les textures électroniques lourdes, et le tandem le sax-trombone, qui donnait des allures de fanfare à l’ensemble. Et c’est justement cette touche à la Gotan Project, conjugué au chant rap de la chanteuse, qui pouvait aussi par moments atteindre des sommets, qui rendait le tout original et frais. Mais, malheureusement, il manquait cette Chaleur Humaine que Christine and the Queens s’était gardée pour elle seule. www.kadebostany.com.

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L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Starshipper

2. Half Ladies

3. iT

4. Science Fiction

5. Photo Souvenir

6. Paradis Perdus

7. Christine

8. Amazoniaque

9. Narcissus Is Back

10. Ugly-Pretty

11. Dessassossego

12. Chaleur Humaine

13. Saint Claude

14. Here

Rappel

15. Safe And Holy (version a capella)

16. Loving Cup

17. Nuit 17 à 52

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