Lee Ranaldo et Steve Gunn avec Meg Baird au Centre Phi de Montréal – Bible urbaine

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Lee Ranaldo et Steve Gunn avec Meg Baird au Centre Phi de Montréal

Lee Ranaldo et Steve Gunn avec Meg Baird au Centre Phi de Montréal

Leçons de guitare

Publié le 16 janvier 2017 par Marie-Eve Linck

Crédit photo : www.sonicyouth.com (photo de couverture) et Marie-Eve Linck

La soirée tout en guitare que nous réservait le Centre Phi s’est amorcée en douceur avec la timide chanteuse californienne Meg Baird qui, armée de sa guitare, a affronté, et par la suite séduit, la foule avec son folk classique dans la pure tradition américaine, tout juste avant l'entrée en scène de Steve Gunn et Lee Ranaldo.

Si la jeune femme se débrouille très bien à la guitare en offrant des mélodies étoffées, c’est surtout sa voix qui se démarque: douce, claire, chaleureuse, langoureuse, fragile par moments, assumée à d’autres, et toujours authentique. Une voix mise à nu. Mademoiselle Baird a su envoûter la salle déjà remplie pour cette première partie de trois; on aurait pu entendre une mouche voler, sauf lors des applaudissements bien nourris. Et on a eu comme l’impression qu’elle a aussi charmé, par sa voix mais également par ce qu’elle dégageait, l’auditoire majoritairement masculin.

Critique-Meg Baird-Centre Phi-Mtl-Bible-urbaine

Son concert intimiste, à l’éclairage minimaliste, était une superbe entrée en matière pour cette longue soirée. Et même si la principale intéressée a avoué vers la fin de sa performance qu’elle avait vraiment hâte de se retrouver de l’autre côté de la scène, elle n’en avait rien laissé paraître, et nous, on l’aurait gardée sur scène plus longtemps.

Puis ce fut le tour de Steve Gunn de prendre place, lui aussi seul, sur scène. L’auteur-compositeur-interprète de Philadelphie, qui sévissait avant aux côtés de Kurt Vile, venait présenter son dernier album, Eyes on the Lines, sorti en 2016. Musicalement, c’était une belle continuité avec la première partie du concert; on était toujours dans le folk, mais avec des accents plus rock ou americana, avec du picking par moments.

Critique-Steve Gunn-Centre Phi-Mtl-Bible-urbaine

La force de Gunn est avant tout son jeu de guitare. C’est clairement un guitariste doué. Ce n’est pas qu’il n’a pas une belle voix, mais celle-ci, quoique juste et solide, n’est ni originale ni impressionnante. Elle est cependant toujours, à l’instar de Meg Baird, vraie et bien sentie. Et au-delà de cela, Gunn présente des textes charmants, bien tournés, qui trouvent résonance dans sa musique. Une prestation sans artifices, efficace et surtout authentique d’un musicien de talent, qui a trouvé grâce aux yeux des personnes amassées pour l’écouter.

En dernier lieu, on a retrouvé sur scène Lee Ranaldo, vétéran de la scène musicale indépendante américaine, et mieux connu comme étant l’ancien guitariste du groupe Sonic Youth, groupe phare de la scène indie new-yorkaise des années 80 et 90. Il a toujours eu quelques projets à côté et s’est produit quelquefois déjà au Québec, surtout au Festival international de musique actuelle de Victoriaville.

Se consacrant maintenant exclusivement à sa carrière solo depuis la fin de Sonic Youth, il s’est pour ainsi dire assagi. Même si, par moments, on sent encore un désir d’expérimentation, ces moments sont rares. On pourrait décrire la musique du guitariste, accessoirement chanteur, de rock acoustique teinté de petits bouts plus expérimentaux. Sur scène, il alterne entre quatre guitares aux réglages différents, utilise fréquemment les pédales d’effets et autres bidules numériques. Mais, au final, ce qui en ressort est assez ordinaire et, tranquillement, au fil du concert, les spectateurs se sont mis à quitter la salle.

À la sortie, les fans de Sonic Youth et autres projets de Ranaldo semblaient déçus. Le choix de l’artiste d’interpréter plusieurs morceaux qui ne se retrouvent pas encore sur un album n’a peut-être pas aidé sa cause. Dommage. Le gars est un guitariste hors pair qui est, de surcroît, très sympathique: il avait une bonne interaction avec la foule, a même écorché au passage le nouveau gouvernement américain et a salué à plusieurs reprises l’auteur Jonathan Lethem, qui a écrit quelques-unes de ses chansons.

Mais ça n’a pas été assez pour la majorité de l’auditoire… Peut-être les attentes étaient-elles trop hautes?

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