«The Dictator» de Larry Charles: en marche vers l'hilarité – Bible urbaine

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«The Dictator» de Larry Charles: en marche vers l’hilarité

«The Dictator» de Larry Charles: en marche vers l’hilarité

Publié le 19 mai 2012 par Jim Chartrand

Il y a dans la provocation de Sacha Baron Cohen un génie qui est certainement non-négligeable. Pas seulement par son audace, mais bien parce que dans ses constatations, il s’attaque rarement aux faibles, mais bien aux plus gros, histoire de tourner au ridicule une réalité qui vaut bien mieux.

Si sa formule éprouvée et connue de la manipulation du réel en avait quelque peu écopé lors de son deuxième long-métrage Bruno, Sacha et son collaborateur Larry Charles ont certainement appris de leurs erreurs en coupant beaucoup dans le superflu pour ne s’en tenir qu’à l’essentiel, comme le démontre leur plus récente offrande. Ainsi, fini le faux documentaire ou le désir de «piéger les innocents ou les gens du quotidien». De toute façon, la mode du moment est littéralement en train de mettre à mort le concept. Mieux encore, on coupe dans le gras avec une durée frôlant à peine l’heure et demie. Du coup, tout essoufflement, ou presque, est évité, alors que la prémisse osée est ainsi rehaussée à sa forme la plus concise, rendant la démesure à la hauteur de la justesse des dialogues et des situations du projet, lequel a plutôt l’air d’un tout qu’un assemblage.

Après avoir rehaussé le ridicule de certains pays extrémiste et fait un détour vers le monde absurde de la mode, Baron Cohen revient à ses premiers amours en critiquant les régimes totalitaires.

Scénario en main, et malgré une forte prédominance d’improvisation, il ne faut pas d’emblée admettre que le roi de la farce s’est assagi ou calmé, puisqu’ici il laisse forme et contenu se tenir main dans la main afin de tomber dans une double dérision qui fonctionne à plein régime. Dès sa dédicace directement livrée à Kim Jong-Il, on se doute alors que le long-métrage ne sera pas pour tous et que matière pour offenser il y aura.

Pas question de remettre en cause le bon goût que ceux qui hésitent s’abstiennent puisque ceux qui se sentiront concernés seront au paradis. C’est qu’au-delà des vulgarités et des obscénités beaucoup moins gratuites que toutes les blagues scatologiques fortement déplacées qu’on retrouve dans n’importe quel film de Adam Sandler ou autre, on trouve ici un désir profond de dénoncer par le biais de dialogues audacieux. C’est donc une succession de fous rires qui s’enchaînent, alors que la palette de sketchs s’avère largement évitée avec un antihéros en la personne du sympathique Aladeen, dont la quête et la montée narrative ne cessent d’évoluer.

Dans cette histoire de dictateur déchu à qui on a fait le coup du prince et du pauvre, on trouve avec bonheur un pastiche réussi et remarquable de tous ces films d’ascension, de rédemption et autres belles valeurs du genre qui se déroulent dans la grosse pomme, comme tant de films nous l’ont offert par le passé. Chansons clichées mais remixées pour l’occasion, de loin l’une des meilleures trouvailles du réalisateur. C’est dans donc dans ce revirement brillant entre le bon et le méchant qu’on concentre nos efforts du côté du plus fourbe au lieu du plus bête, pour finalement se laisser embarquer dans cette ridicule mission qui permet à l’irrésistible Anna Faris, physiquement transformée pour l’occasion, de se glisser pleinement dans l’aventure. Chimie qui opère à merveille, cumulant des situations aussi ridicules qu’elle a l’habitude de nous l’offrir, le spectateur s’amuse ainsi grandement.

Non seulement parce que les situations sont hilarantes, mais aussi parce qu’en plus des dialogues qui fondent dans la bouche et qui nous invitent à nous taper ardemment la cuisse, on retrouve même une kyrielle d’acteurs hyper connus, tels que Ben Kingsley, John C. Reilly, Chris Parnell et tant d’autres, qui n’apparaissent que très brièvement afin de participer à ce gros délire.

Ainsi, Sacha Baron Cohen pourrait bien avoir livré la version la plus efficace de son humour mordant. Avec ce petit film, certes imparfait mais ô combien efficace, il s’assure d’offrir ce qui pourrait bien être la comédie de l’année à défaut d’être certainement de loin celle de l’été. Il ne faut donc pas se priver, The Dictator est un film incontournable, non seulement pour sa place à Hollywood, mais aussi pour sa portée, puisqu’au-delà du rire, il y a certainement un message qui veut passer.

Appréciation: ****

Crédit photo: www.imdb.com

Écrit par: Jim Chartrand

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