«Andromaque 10-43» du metteur en scène Kristian Frédric au Théâtre Denise Pelletier – Bible urbaine

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«Andromaque 10-43» du metteur en scène Kristian Frédric au Théâtre Denise Pelletier

«Andromaque 10-43» du metteur en scène Kristian Frédric au Théâtre Denise Pelletier

La tragédie des temps modernes

Publié le 4 octobre 2014 par Charlotte Mercille

Crédit photo : Nicolas Descoteaux

Le Théâtre Denise-Pelletier présentait hier soir la première nord-américaine de la coproduction franco-suisse Andromaque 10-43. Mis en scène par Kristian Frédric, les alexandrins de Racine se transposent à la réalité contemporaine et établissent des parallèles jusque-là insoupçonnés entre mythe, histoire et actualité.

Depuis les profondeurs de son bunker. Pyrrhus (Denis Lavant) regarde les nouvelles internationales. Dès la première scène, l’écran est suprême, omniscient. Depuis dix ans, la guerre dévaste l’Orient, la même qui a arraché Andromaque (Monica Budde) à son époux Hector. Captive du royaume d’Épire, la veuve troyenne est entrainée malgré elle dans une intrigue politique dissimulant le triangle amoureux funeste du chef-d’œuvre de Racine: Oreste (Frédéric Landenberg) aime Hermione (Jeanne de Mont), qui aime Pyrrhus, qui lui s’est épris d’Andromaque.

Les personnages revêtent l’allure du prestige tel qu’il est perçu aujourd’hui, bien loin de celle de la Grèce antique; les armures de combat ont été remplacées par les vestons-cravates. Denis Lavant et Monica Budde signent les performances les plus frappantes de la pièce. Le premier nous transporte dans le tumulte de son rôle par sa gestuelle, tandis que l’autre paralyse le public par sa voix de contralto.

Seule déception, l’emploi des médias et de la technologie a plus ou moins enrichi la pièce. Autant les manchettes du journal télévisé portant sur les derniers agissements des personnages étaient brillantes, les publicités ou les caméras de surveillance, superflues. Le parallèle entre la toute-puissance des dieux et celle de la technologie était bien existant, mais aurait pu être appliqué au plein potentiel du texte.

Dans l’ensemble, le metteur en scène Kristian Frédric a gagné le pari de rendre sur scène les alexandrins de Racine au goût du jour, que ce soit de vive voix ou par message texte. Toutefois, le manque de contexte à la profusion de noms et de lieux risque de donner quelques maux de tête aux non-initiés de la littérature classique. Il reste que la portée universelle qui se dégage de la solitude affective des personnages et du conflit géopolitique suffit pour rejoindre la réalité contemporaine du spectateur.

«Andromaque 10-43» est une coproduction de la Cie Lézards Qui Bougent Les Hauts de Bayonne (FR) et du Théâtre de Grütli, en collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier. À l’affiche du 3 au 24 octobre 2014 à la Salle Denise-Pelletier.

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