«CRU» de Déviation Théâtre au Bleury Bar à Vinyle – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«CRU» de Déviation Théâtre au Bleury Bar à Vinyle

«CRU» de Déviation Théâtre au Bleury Bar à Vinyle

L'art de tout oser

Publié le 13 octobre 2015 par Rose Carine Henriquez

Crédit photo : Tous droits réservés

CRU est une création décalée et sombre qui donne matière à réfléchir. Cette deuxième production de la compagnie Déviation2 Théâtre se joue au Bleury Bar à Vinyle et mérite le déplacement et une bonne ouverture d’esprit. D’ailleurs, on nous le dit avant d’entrer: «Osez, touchez, soyez curieux». On revient sur une première qui a laissé ses marques.

Cela a commencé comme bon nombre de partys. On a fait la file devant le Bleury sans savoir quels rôles nous allions jouer. Il y avait un mélange de curiosité et d’excitation dans l’air. Et de crainte frémissante lorsqu’on a signé la décharge entre spectateurs et la compagnie. Notre zone de confort était promise à un renversement. La musique a accueilli la petite foule qui s’est empressée d’aller s’abreuver au bar pour aller danser tout en restant attentive.

Les acteurs évoluaient parmi nous, conversaient avec nous, suscitaient notre hésitation à confirmer qu’ils étaient acteurs, tellement c’était naturel. On jouait le jeu. On jouait la vie. C’était de cela qu’il était question dans cet univers de l’homosexualité masculine. On aidait cet homme timide à chercher sa date Tinder jusqu’à finir par lui dire de profiter de sa soirée avec quelqu’un d’autre. On offrait des verres à ceux qui voulaient noyer leur peine ou leur fête. On donnait une cigarette qui ne nous appartenait pas au frère du barman, un sans-abri qui recherchait de la compagnie. On assistait aux chicanes de couple, aux propositions insistantes, aux bagarres, à la jalousie humaine, à la faiblesse humaine. On jouait la vie.

CRU-critique-BibleUrbaine3

Plus la soirée avançait, et plus on finissait par repérer les acteurs grâce aux changements d’éclairage, à leur manière de danser, parfois synchronisée, à leur solitude apparente. Le tout était orchestré par La créature, ce personnage décadent prisonnier de la performance. Il finira pourtant seul et nu (littéralement) devant nos yeux et notre doute à agir. C’était un spectacle, après tout. Et pourtant, on a voulu l’aider.

À l’arrière du bar, il y avait une petite salle secrète. Un homme masqué emmenait certains «chanceux» pour une expérience où il fallait laisser sa pudeur à la porte. Je devais avoir l’air très heureuse d’être là, car il m’a bandé les yeux et m’a emmenée dans une partie du spectacle plus tactile et plus sexuelle.

Êtes-vous intrigués? Cette pièce agit tel un portrait de société. Dans ce cas-ci, d’une communauté. Focalisé sur la sexualité, cela aurait pu être dans n’importe quel «univers», hétérosexuel ou homosexuel. Le propos serait le même. On cherche sans cesse à se perdre, dans l’excès, l’amour et l’éphémère. On porte des masques, mais à la fin de la nuit, ils se fissurent. Parfois, dans ces moments, il y a des élans d’humanité, mais trop souvent ce n’est pas le cas.

CRU-critique-BibleUrbaine2

Voyez le spectacle «CRU» au Bleury Bar à Vinyle jusqu’au 14 octobre 2015.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début