«Ma tête est une ruche», d'après une mise en scène de Patrick R. Lacharité, au Théâtre La Chapelle – Bible urbaine

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«Ma tête est une ruche», d’après une mise en scène de Patrick R. Lacharité, au Théâtre La Chapelle

«Ma tête est une ruche», d’après une mise en scène de Patrick R. Lacharité, au Théâtre La Chapelle

Une exposition d'humains

Publié le 3 décembre 2015 par Solveig McClure-Poirier

Crédit photo : Charles F. Marquis

On imagine que cela demande beaucoup d’honnêteté de dépeindre un tableau réel de la génération Y, et ce, sans tomber dans le piège des stéréotypes. Il faut surtout, pour un instant, mettre de côté ce que l’on se cache ou ce que l’on souhaite montrer, cette superficialité, ce masque rendu trop commun à l’ère des réseaux sociaux et de la performance sociale afin de laisser passer du vrai, de l’honnête. Ma tête est une ruche, pièce née d’un laboratoire où des gens d’une même tranche d’âge et de milieux similaires ont échangé au sujet des enjeux de leurs relations interpersonnelles, est une représentation quasi parfaite d’une jeunesse obsédée par la beauté, la performance et l’idée de l’amour, sans toutefois parvenir à ses fins, dues à ses nombreuses contradictions et paradoxes.

Le texte de Sébastien Tessier, mis en scène par Patrick R. Lacharité, est surprenant par sa vérité et il frappe fort. La pièce prend la forme d’une succession de tableaux qui dépeignent tous la solitude d’une génération gavée de critères de performance, camouflée derrière le superficiel et le paraître. Les comédiens, au jeu d’acteur excellent, présentent chacun à leur tour des moments du quotidien où l’on bouillonne de l’intérieur, jusqu’au point d’éclater, d’exploser et de n’en pouvoir plus. Si tous les tableaux sont brillamment exécutés, certains moments forts nous restent même en tête.

C’est le cas du monologue rendu par Jérémie Pratte, au sujet des soirées d’ivresses où l’on se perd, dans les bars ou en after et où la quête du bonheur et de l’euphorie laisse souvent place à l’angoisse et à la peur du lendemain. Le monologue permet le déploiement d’une scène riche de significations où tous les comédiens se retrouvent sur scène à dépeindre des fins de soirées passées dans des lits d’inconnus. Ariane Lavery interprète, quant à elle, un monologue qui fait rire, puisqu’il est facile de s’y reconnaître, alors qu’elle démissionne de son emploi qu’elle définit de «pas-pire-plate-poche» en laissant finalement sortir des fuck you que l’on imagine restés enfouis à l’intérieur pendant beaucoup trop longtemps.

Autre moment fort: la danse, qui s’est frayé une place dans certains tableaux, grâce à la collaboration de la chorégraphe Audrey Rochette. Cette collaboration a donné lieu à de nombreux et fort beaux moments, dont un duo où deux comédiens interprètent de manière très sensible toute la complexité des relations amoureuses de cette génération bourrée de contradictions, mais au final profondément seule. On assiste alors à un émouvant échange où l’attachement de l’un mène souvent au détachement de l’autre.

C’est, somme toute, un savant mélange de cynisme, d’humour et de vérités qui permettent au public de réfléchir à ses propres paradoxes et à son trop-plein qui pourrait exploser à n’importe quel moment.

La pièce «Ma tête est une ruche» est présentée au Théâtre La Chapelle jusqu’au 5 décembre 2015.

L'événement en photos

Par Charles F. Marquis

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