«Terminus» de Mark O'Rowe au Théâtre La Licorne – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne

«Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne

Ivres dans la nuit

Publié le 25 septembre 2016 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Suzane O'Neill

Dublin. Une nuit pas comme les autres où une certaine folie flotte dans l’air. Trois personnages sans nom cherchent du réconfort, des interactions, un contact humain. Trois écorchés dont les destins seront amenés à se croiser, de la façon la plus surprenante et inattendue qui soit. Installez-vous bien confortablement dans votre siège, car les deux prochaines heures ne seront pas de tout repos.

Une prof (Martine Francke) veut sauver une ancienne élève des griffes de sa blonde violente, qui planifie de l’avorter sans cérémonie avec un manche à balai. Une célibataire dépressive (Alice Pascual) sort dans un bar avec sa meilleure amie et le copain de celle-ci, qui la désire ouvertement. Et un homme maladivement timide avec les femmes (Mani Soleymanlou) va essayer de scorer avec une femme peu attrayante dans une danse de quartier.

On se retrouve ici avec trois acteurs au sommet de leur art qui portent sur leurs épaules un récit à la structure étonnante. L’histoire est racontée par de longs monologues qui s’enchaînent, sur une scène nue, avec d’habiles et évocatrices projections qui viennent imager le flot de mots, d’une urgence poignante.

Ces projections, signées Johnny Ranger, sont utilisées avec parcimonie, un peu comme une ponctuation visuelle en contrepoids du grand vide sombre de la scène, et sont de plus orientées vers un endroit précis, dans une lente chorégraphie bien étudiée qui tient compte de la position de l’acteur.

Il faut s’attendre à tout dans le discours fiévreux de ces individus que la vie n’a pas gâtés, membres d’une couche de la société qu’on voit peu, des Irlandais presque miséreux qui ont peu à perdre et tout à gagner. Le texte de Mark O’Rowe est cru et imagé, pétaradant d’une soudaine violence qui jaillit sans prévenir, d’un grotesque pas toujours comique. Les acteurs habitent complètement leurs personnages, et proposent malgré une abondance de mots une performance très physique. D’ailleurs, les spectateurs de la première rangée ont dû recevoir des postillons de pas mal tout le monde sur scène.

Quand la pièce se termine, bouclant la boucle avec une indiscutable élégance narrative, on se retrouve plutôt surpris que nos deux heures de théâtre soient déjà terminées. Il suffit parfois d’un texte très fort, d’acteurs exceptionnels et d’une idée de mise en scène sobre et épurée – chapeau, Michel Monty! – pour créer un moment fort, une pause dans notre train de vie, un moment où devant nous se déroulent des événements d’une brutalité indicible, avec tout de même un message d’espoir inoubliable.

L'événement en photos

Par Suzane O'Neill

  • «Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne
  • «Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne
  • «Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne
  • «Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne
  • «Terminus» de Mark O’Rowe au Théâtre La Licorne

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début