«Pure Heroine» de Lorde – Bible urbaine

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«Pure Heroine» de Lorde

«Pure Heroine» de Lorde

Armée d'une maturité à faire agenouiller les plus sceptiques

Publié le 22 octobre 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Universal Music

Après la parution des trois EP Royals, Tennis Court et The Love Club, la jeune néo-zélandaise Ella Yelich-O’Connor, âgée de 16 ans et armée d’une maturité à faire agenouiller les plus sceptiques, a récemment sorti un condensé de son immense talent avec son premier album studio, Pure Heroine.

Il est difficile de croire que la jeune adolescente, qui chante avec cette voix mature et désinvolte, n’a pas encore atteint la maturité, mais depuis le succès de la jeune révélation britannique Birdy, plus rien n’est impossible. Empruntant une voix qui avoisine celle de la princesse glamour Lana Del Rey, Lorde revisite les thèmes qui lui sont chers et les travers de la société qui la révoltent tels que la luxure, l’hypocrisie, les classes sociales et la culture populaire.

«Tennis Court» casse la glace avec une rythmique en battements de cœur que le producteur californien Nosaj Thing aurait très bien pu intégrer à ses textures hip-hop et électroniques. Pour compléter le tableau, on y retrouve une batterie cadencée comme un métronome, un clavier puissant qui pourrait faire rougir Charli XCX ainsi qu’une rythmique vocale adolescente qui renvoie un écho à «National Anthem» de Lana Del Rey. Tout y est pour épater la galerie.

«400 Lux» et «Royals» sont deux ballades bercées par une basse profonde qui complète, avec la batterie électronique, ce canevas hip-hop de bon goût, alors que la voix de Lorde, mêlée aux chœurs féminins présents par intermittence, avoisine le chant plus pop. Ella Yelich-O’Connor est une amatrice de rap, d’où la prédominance des rythmiques mid-tempos, et sa relation manichéenne pour la culture populaire se ressent à travers chaque morceau.

C’est surtout sur «Ribs», une chanson atmosphérique qui juxtapose les rythmiques de Crystal Castles II et la voix chevrotante de Kandle puis «Glory and Glore», une chanson calquée sur Paradise de Lana Del Rey, distorsion de clavier en prime, qu’on ressent cette impression de déjà-vu. Mais, si on fait abstraction de ses airs déjà connus, Pure Heroine demeure un vrai bijou, exception faite de certains copier-coller très reconnaissables.

Parmi les autres bons coups de l’album, on compte «Buzzcut Season», cette ballade ultra douce à l’oreille, qui offre au premier abord un portrait onirique aux antipodes de nos sensations premières: «I remember when your head caught flame / It kissed your scalp and caressed your brain / Well you laughed, baby it’s okay / It’s buzzcut season anyway».

Lorde est une artiste intègre; elle n’en a rien à cirer du luxe, de la beauté plastique et de la culture populaire. Ayant refusé de partir en tournée avec la chanteuse pop Katy Perry, l’adolescente préfère plutôt mener sa propre bataille, selon ses propres convictions. On ressent cette attitude de détachement sur «Team», une pièce bien rythmée, où elle n’hésite pas à faire valoir sa position sociale: «We live in cities you’ll never seen onscreen / Not very pretty, but we sure know how to run things / Livin’ in ruins of a palace within my dreams / And you know we’re each other’s team».

C’est certes une artiste qui est entrée précocement dans un univers vaste et compétitif, espérons seulement qu’elle n’en ressortira pas aussi rapidement. Les attentes seront hautes après la parution d’un album aussi surprenant que Pure Heroine, mais avec le regard dirigé vers l’horizon, il est évident qu’elle est capable de se surpasser, et de nous étonner davantage.

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