«Racine carrée» de Stromae – Bible urbaine

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«Racine carrée» de Stromae

«Racine carrée» de Stromae

Textes percutants et pop endiablée

Publié le 5 septembre 2013 par Laurence Lebel

Crédit photo : Universal Music France

Paul Van Haver, alias Stromae («maestro» à l’envers), nous avait offert en 2010 son premier album Cheese avec le méga succès «Alors on danse». Voilà que trois ans plus tard il nous revient avec Racine carrée, un album qui confirme la présence nécessaire de Stromae dans le paysage pop français.

Il n’aura fallu que quelques jours avant que ses vidéoclips «Papaoutai» et «Formidable» atteignent les quelques millions de visionnements sur YouTube. Le premier est un hymne aux enfants dont le père est manquant et le second est un cri du cœur d’un homme au bord du précipice suite à sa rupture amoureuse. Pour «Formidable», Stromae a poussé son idée au maximum en se mettant lui-même en scène, dans un état d’alcoolémie assez avancé, dans le centre de Bruxelles au petit matin. Le clip, qui a fait fureur, a aussi marqué les esprits et annoncé le grand retour du maestro de la piste de danse.

Racine carrée est un album infiniment bien ficelé. La succession des chansons dance permet à l’auditeur de ne pas se perdre dans le fil de la musique et de pleinement apprécier chaque idée et parole. Débutant sur l’entraînante «Ta fête», le second album de Stromae est bourré de petites perles dance. Que ce soit avec «Bâtard», «Ave Cesaria», «Moules Frites» ou «Sommeil», Stromae nous fait danser jusqu’au petit matin.

La force de l’artiste se résume en sa capacité à écrire des textes percutants et déstabilisants tout en y ajoutant une musique joyeuse et entraînante de style euro-pop. Est-ce que l’effet est annulé? Non, au contraire, cela ne fait qu’amplifier l’engouement autour de ses compositions et de justifier notre appréciation de l’album.

La plume de Stromae flirte entre les sujets du racisme avec la chanson «Bâtard», des MTS avec «Moules Frites», il rend aussi un vibrant hommage à la grande dame qu’était Cesaria Evora (sur la chanson «Ave Cesaria»), sans oublier la chanson «Quand c’est?» qui porte sur le fléau qu’est le cancer. Dans plusieurs chansons, les thèmes abordés sont subtils et il faut porter une attention particulière aux références de l’artiste. 

Quelques petits bémols se retrouvent tout de même sur l’album, dont la chanson «Humain à l’eau», qui est vraiment insupportable de par son rythme saccadé et étourdissant. On perd malheureusement vite l’intérêt pour le morceau et on ne tend pas l’oreille pour son texte. Sinon, la chanson «Avf» aurait été absente de l’album que celui-ci s’en serait mieux porté. La pièce, qui est une collaboration entre Maitre Grims et Orelsan, n’est pas du tout efficace et est loin d’être utile à la qualité de l’album.

Reste que quelques autres belles surprises suffisent à nous combler telles que «Carmen», qui s’inspire de «L’opéra de Carmen» et où l’artiste fait le procès des réseaux sociaux et de la mode du «je-me-moi» que Twitter et Facebook ont créé. Sinon, la pièce instrumentale «Merci» rappelle vaguement les compositions du duo Ratatat et aurait pleinement mérité de clôturer l’album plutôt que l’ennuyeuse et trop racoleuse «Avf».

Au final, Stromae a su faire avec Racine carrée un album très pop bourré de sonorités parfois tirées du tango, de la musique latine et de l’euro-pop. C’est un album qui se place très bien dans une soirée entre amis, mais qui mérite définitivement un temps d’écoute pour pleinement apprécier la richesse des textes.

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