«The Bones of What You Believe» de Chvrches – Bible urbaine

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«The Bones of What You Believe» de Chvrches

«The Bones of What You Believe» de Chvrches

Anticipation justifiée

Publié le 4 novembre 2013 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Universal Music

Le groupe écossais Chvrches existe seulement depuis 2011 après que Martin Doherty et Iain Cook, amis depuis l’université, aient demandé à Lauren Mayberry de chanter sur quelques-unes des chansons sur lesquelles ils travaillaient. Enchantés du résultat, ils ont poursuivi leur collaboration et diffusé leur musique sur Internet. En 2012, ils font paraître «Lies» et leur présence dans l’univers virtuel n'a pas cessé d’augmenter, sans compter qu’ils ont multiplié les apparitions à divers festivals. À peine deux ans après avoir vu le jour, le trio nous offre un premier album studio, The Bones of What You Believe.

La formation puise ses influences dans les années 80 et affectionne Prince, la suédoise Robyn, Depeche Mode, Cocteau Twins, Kate Bush et Whitney Houston. Musicalement, les musiciens sont essentiellement axés sur l’électro-pop. Les trois membres jouent du synthétiseur et produisent de l’échantillonnage. Malgré leur amour pour les années 80, leur son est très moderne; ils ne se contentent pas de recycler ce qui a déjà été fait auparavant, comme c’est le cas avec plusieurs groupes contemporains électroniques. Ils ont su créer leur propre sonorité tout à fait actuelle et l’auditeur saura certainement apprécier cette qualité.

On pourrait comparer leur genre musical avec The xx et Daughter, ou encore Purity Ring, mais en plus pop et quelque peu moins expérimental. Un des points fort du trio de Glasgow est la voix de Mayberry, qui est certes très jolie, claire, parfois légèrement rauque, mais douce et forte à la fois. Elle peut nous faire penser un peu à celle de Raphaelle Standell-Preston de Braids. De plus, on ne peut s’empêcher d’admirer la chanteuse puisque celle-ci se considère comme une musicienne au sein du groupe, et non comme la leader, et elle refuse même d’endosser l’image ultra-sexy que plusieurs chanteuses se prévalent. Elle va jusqu’à utiliser sa plume pour revendiquer sa position féministe et dénoncer les commentaires misogynes dont elle est victime sur Internet auprès du journal The Gardian.

Musicalement, la sonorité est indéniablement pop, tout comme la structure des chansons. Bien que l’omniprésence des synthétiseurs explique pourquoi leur musique est parfois qualifiée de froide, les refrains chantés en chœur et la présence de guitare et de basse confèrent une chaleur humaine aux sonorités. De plus, il n’y a pas que Lauren Mayberry qui chante, Martin Doherty prête également sa voix pour les morceaux «Under the Tide» et «You Caught the Light».

Le paradoxe de Chvrches est que malgré un album ayant pour thème la rupture et les représailles, le rythme est léger et enjoué. Cette offrande contient plusieurs excellents morceaux dont l’extrait «The Mother We Share», qui est particulièrement accrocheur, un véritable ver d’oreille sur lequel on peut entendre sa voix cristalline.

«You Caught the Light» (chanté par Doherty) est une très belle pièce, la plus planante de l’opus, bien qu’elle nous rappelle incontestablement «Desintegration» de The Cure, mais il s’agit du seul moment de l’album où l’on a une impression de déjà-vu.

«Recover» est une pièce touchante qui explore le moment dans une relation où l’on se demande si on doit persévérer ou y mettre un terme. «Gun» est axée sur la vengeance, les paroles sont pleines de venin, et ce, malgré la voix délicate de Mayberry, ce qui crée une dynamique intéressante: You had better run from me / With everything you own / Cause I am gonna come for you / With all that I have.

Pour un premier album, c’est très prometteur, on comprend pourquoi l’album était l’un des plus attendus de 2013. C’est de la pop intelligente, bien construite, avec une personnalité attachante et la qualité des pièces est constante. Ce disque justifie pourquoi la formation écossaise a connu une ascension fulgurante. Elle est définitivement à surveiller.

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