«Hunger Games - Catching Fire» de Francis Lawrence – Bible urbaine

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«Hunger Games – Catching Fire» de Francis Lawrence

«Hunger Games – Catching Fire» de Francis Lawrence

Sombre et réaliste volet

Publié le 22 novembre 2013 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Les Films Séville

Une ville en ruine. Des rébellions durement brimées. Une quête d'espoir sous des décombres, sous la répression. Difficile à croire que nous sommes au beau milieu d'un blockbuster qui semble à première vue s'adresser à des ados frétillants dans l'attente d'une histoire d'amour. Or il n'en est rien. L'univers du film Hunger Games - Catching Fire réussit à s'affranchir de la recette d'attrape-midinettes et permet une réelle réflexion sur le totalitarisme. Grand public. 

Personne n’était dupe que l’amazone Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence qui est allée chercher son Oscar en trébuchant pour Silver Linings Playbook en 2013) allait passer inaperçue auprès du président Snow (Donald Sutherland) après avoir remporté en équipe la dernière mouture des Hunger Games lors du chapitre précédent. Dans ce deuxième opus, le président, qui voit en cette icône du peuple une porte ouverte vers la révolte, est prêt à tout pour éliminer celle qui pourrait tout faire basculer. Car rien ne va plus dans les districts. L’équilibre est rompu, le chaos est proche. Ainsi, un nouveau jeu est alors organisé où tous les anciens champions passés dans l’arène meurtrière se réuniront dans une ronde ultime. Pour une seconde fois, Katniss se verra obligé de choisir entre elle et son homologue, Peeta du district 12. Elle a réussi à déjouer les règles une fois, il sera d’autant plus ardu de brouiller les cartes.

Le réalisateur Francis Lawrence appuie l’intrigue sur la dichotomie entre l’opulence crasse du Capitol, où il est commun de boire une boisson spéciale qui rend malade dans le but de s’empiffrer encore davantage, et la pauvreté extrême de certains districts où les hommes qui sont abaissés au rang de bêtes, d’esclaves, les y habitent. Lawrence est un habitué des films de science-fiction. Ayant adapté I Am a Legend et Constantine, il aurait pu être dangereux de laisser entre les mains de Francis Lawrence l’audacieux projet qu’est Hunger Games, de peur qu’il ne se brûle avec le scénario et qu’il accouche d’un autre film mièvre. Il propose au contraire une lecture intéressante de la mise sur pied d’une organisation révolutionnaire secrète. Les ficelles sont finement tirées et le spectateur est délicieusement berné.

Cela dit, le succès du film revient au talent des acteurs. Ils ne s’effacent jamais derrière l’excentricité des costumes et chacun est en osmose avec l’idée directrice du film. Ils se complètent, se confondent. Stanley Tucci n’a rien perdu de son entrain et incarne avec un plaisir évident l’animateur superficiel, avide de potins de sa favorite, Katniss.

Woody Harrelson est égal à lui même dans son rôle de mentor qui cache ses démons dans l’alcool. Tous semblent ternes néanmoins à côté de la plantureuse Jennifer Lawrence qui crève une fois de plus l’écran. Connue pour ses propos drôles, irrévérencieux, son humour un peu tordu et son talent brut, la jeune actrice incarne avec panache Katniss qui fonce dans l’adversité la peur au ventre et la colère au cœur. Elle endosse avec justesse l’iconique rôle messianique d’une Jeanne d’Arc malgré elle (le tout illustré par des contre-plongées malheureusement plutôt boiteuses et racoleuses, surtout lors du dernier plan qui ruine à lui seul la fin). Cette actrice se distingue définitivement de ses consœurs hollywoodiennes en faisant son métier pour l’amour du jeu en refusant de se fondre dans un moule où la maigreur prime et les rôles convenus.

Si ce n’est que de longueurs inutiles et d’un rythme inégal (effet probant d’autant plus que la production est d’une durée de 2 heures et 30 minutes… ), le pari de Hunger Games – Catching Fire est relevé sans toutefois s’ancrer dans la lignée de films de la trempe de 1984. Il n’en demeure pas moins une oeuvre très grand public qui ose sortir du carcan et se permet d’aborder des côtés très sombres, presque sans tabous, et sans prendre son public pour un imbécile.

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