«Le baptême de...» Denis Villeneuve – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» Denis Villeneuve

«Le baptême de…» Denis Villeneuve

Un ovni à la ligne de départ avec «Un 32 août sur Terre» (1998)

Publié le 6 octobre 2015 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : Tous droits réservés

Alyssia vous présentait, le 22 septembre dernier, une excellente chronique portant sur Shallow Grave (1994). Je partagerai désormais avec elle la tâche (beaucoup plus un privilège qu'une corvée) de vous faire découvrir les premières oeuvres de cinéastes talentueux, à raison de deux rations mensuelles plutôt qu'une seule. Bande de chanceux! Le très bon Sicario, toujours en salle, m'a donné envie de vous parler d'un gars bien de chez nous, qui fait rayonner le Québec à l'étranger: notre cher Denis Villeneuve. Retournons à une époque terriblement lointaine: 1996.

Personnellement, lorsque j’assiste à un long-métrage réalisé par Denis Villeneuve, je m’attends à certaines choses. Du mystère, une atmosphère oppressante, du danger. Bref, je m’attends à être secoué d’une manière ou d’une autre, à réfléchir. Mais qu’en est-il de la légèreté, de l’humour? Voilà deux notions surprenantes pour les récents fans du cinéaste en constante ascension, connu du grand public depuis la sortie d’Incendies en 2010. Et pourtant!

En 1996, Villeneuve participe au projet Cosmos, un film co-réalisé par six réalisateurs. Pour son segment intitulé «Le Technétium», il fait équipe avec le directeur photo André Turpin, un ami rencontré à l’époque où les deux comparses œuvraient dans l’univers du vidéoclip. Cette union marque le début d’une signature visuelle hyper léchée et caractéristique à tous les films de Villeneuve à voir le jour ensuite, sans exception. Tous deux remarqués pour leur collaboration au sein de Cosmos, ils se voient offrir l’opportunité de réaliser un film de fiction, gracieuseté du producteur Roger Frappier. Denis saute sur l’occasion et réalise dans un premier temps Un 32 aout sur Terre (1998), puis Maëlstrom (2000). S’ensuit une longue accalmie de huit ans. Extrêmement critique envers son œuvre, envers ses débuts à tout le moins, le cinéaste ne considère pas ses deux premiers efforts comme étant de bons films, ce qui explique en partie cette pause artistique.

Ce à quoi je dois farouchement m’insurger. Je veux bien lui concéder Maëlstrom, mais je refuse que l’on puisse dire du mal d’Un 32 août sur Terre. J’aime Denis. Je l’aime presque autant que mon chat et je respecte son opinion, mais laissez-moi vous dire pourquoi son film-baptème vaut la peine d’être vu. Voyons voir l’intrigue.

Après un accident de voiture, Simone (Pascale Bussières) remet toute son existence en question et décide d’avoir un enfant. Célibataire, elle fera appel à son meilleur ami Philippe (Alexis Martin). Pas d’amour, pas de sentiments, pas de responsabilité paternelle, Simone ne désire qu’un «donateur». Philippe, à la blague, pose une condition: l’enfant devra être conçu dans un désert. C’est ainsi que Simone et Philippe se rendent en Utah pour faire l’amour. Un scénario hors de l’ordinaire et même un brin absurde, nous devons l’admettre!

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Déjà, Denis Villeneuve faisait preuve d’un bon instinct pour dénicher et diriger des acteurs compétents et parfaits pour les rôles qu’on leur confiait. Le tournage du film fut même retardé de quelques mois afin de laisser le temps à Alexis Martin de se libérer. Une décision magique, si je peux me permettre. Vous vous souvenez de ma mention sur l’humour et la légèreté en début de chronique? Eh bien, elles reposaient sur les épaules d’Alexis, qui accomplissait alors un formidable travail d’acteur. Savoureux, rafraîchissant, Un 32 août sur Terre est tout aussi ludique aujourd’hui qu’il devait l’être en 1998. Malgré tout, cette fameuse violence et ce danger présents dans tous les longs-métrages de Villeneuve ne rôdent jamais bien loin. La laideur du monde des hommes est exposée, le plus souvent sans explications. Car comment expliquer l’inexplicable? On dénote aussi un intérêt pour les lieux stériles et riches en contrastes visuels (retrouvés par la suite avec Incendies, Sicario et dans une moindre mesure Enemy).

À l’origine, le film devait s’appeler Simone en 1997, titre reflet d’une génération et d’une époque. Un personnage en pleine crise d’identité, en profond questionnement, voilà qui n’est pas étranger à la filmographie de Denis Villeneuve. Ça devrait se poursuivre l’an prochain avec Story of your Life, où cette fois le réalisateur se penchera sur l’une des plus grandes questions existentielles: d’où venons-nous?

Mon coup de coeur par Denis Villeneuve: «Enemy» (2013), avec Jake Gylenhaal, Mélanie Laurent et Sarah Gadon.

Prochaine chronique à surveiller: «Cronos» (1993) de Guillermo del Toro. Consultez nos précédentes chroniques au labibleurbaine.com/?s=Le+baptême+de…

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