Le drame biographique «Mary Shelley» de Haifaa Al-Mansour avec Elle Fanning

Sorti en salle le 20 juillet 2018, ce long métrage portant sur le moment charnière dans la vie de Mary Wollstonecraft Shelley, alors âgée de 18 ans, est le plus fidèle de toutes les adaptations ayant immortalisé ce moment historique de la littérature fantastique anglaise du XIXe siècle. Contrairement à Gothic ou encore Haunted Summer, cette adaptation de Haifaa Al-Mansour est celle qui s’approche le plus des faits historiques.

L’histoire? Londres, 1814. Âgée de 16 ans, Mary Shelley laisse derrière elle un père affectueux ainsi que la seconde épouse de ce dernier, pour s’enfuir de la capitale anglaise aux côtés du poète Percy Bysshe Shelley. Les deux tourtereaux posent leurs valises dans un petit appartement avec Claire, la demi-soeur de Mary. Lors d’une réception, Claire initie Lord Byron, un polémiste et poète dont elle attend un enfant.

Au printemps 1816, les deux couples se retrouvent en Suisse, dans la villa de Lord Byron, en compagnie d’un docteur nommé Polidori. Relevant un défi lancé par Byron aux convives un soir où l’orage se fait menaçant, Mary conçoit l’idée d’une histoire d’horreur qui deviendra le succès planétaire Frankenstein. De retour à Londres, elle tente par tous les moyens de faire publier son roman. Mais c’est peine perdue, car aucun éditeur ne veut accepter un livre écrit par une femme…

Grâce à Percy, son oeuvre paraîtra le 1er janvier 1818.

La plus grande qualité de ce film de 120 minutes, c’est de bien mettre de l’avant l’audace, l’intelligence et la vivacité d’esprit de cette jeune Mary Shelley, qui allait donner naissance à l’un des monstres de la littérature d’horreur ayant le plus marqué l’imaginaire collectif aux côtés du Dracula de Bram Stoker.

Lors d’un entretien fort intéressant à l’émission Médium Large avec Catherine Perrin, les critiques de cinéma Georges Privet, Manon Dumais et André Caron ont discuté, autour d’un micro, de l’importance de Frankenstein sur la fiction moderne. Mais ils ont aussi déterré les grandes questions soulevées par Mary Shelley elle-même dans son roman: «d’où venons-nous? Qui nous a créés? À quoi bon vivre?»

Celui qui a vu le jour sous les lames industrielles du machiavélique Dr Frankenstein «[…] nous renvoie, quelque part, le reflet de nos préoccupations, de nos obsessions», a affirmé Georges Privet. Plus intéressant encore, André Caron croit que «le Dr Frankenstein pense qu’il va créer un Adonis, mais finalement, il se retrouve avec Belzébuth», comme il semble, après coup, rejeter l’enfant à naître.

La célèbre histoire de Mary Shelley continue, même au XXIe siècle, à fasciner les esprits. Ce long métrage a bénéficié d’une réalisation soignée et d’un casting de haut niveau. À voir!