«L'hypnotiseur» de Lasse Hallström – Bible urbaine

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«L’hypnotiseur» de Lasse Hallström

«L’hypnotiseur» de Lasse Hallström

Une enquête sanglante mais peu enlevante

Publié le 28 février 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : Remstar

Voulant surfer sur le succès inespéré de la trilogie Millénium, le distributeur Remstar Films a acquis les droits de l'adaptation cinématographique du best-seller de Lars Kepler, L'hypnotiseur, une énième enquête policière sur fond glauque se déroulant dans la froideur des pays scandinaves. Dommage, toutefois, que la recette sente à nouveau le réchauffé.

Un entraîneur d’éducation physique se fait sauvagement assassiner à coups de couteaux dans son gymnase. Peu de temps après, toute sa famille succombe aussi sauvagement à leur mystérieux agresseur. Coup de chance, s’il en est un, le fils de la famille survit en demeurant dans un état critique entre la vie et la mort. L’inspecteur Joona décide de prendre en charge cette intrigante enquête, épaulé par plusieurs intervenants dont le mystérieux Erik, un hypnotiseur au talent déchu qu’on a retiré de ses fonctions à la suite d’une histoire sordide.

Bien que l’histoire n’ait rien à voir avec les écrits du défunt Stieg Larsson, on en reconnaît par contre les thèmes principaux. Des erreurs d’antan que l’on essaie d’oublier jusqu’aux collaborations inattendues, on a l’impression d’avoir droit à un nouveau Millénium. Le hic? Pas de Mikael Blomkvist ni de Lisbeth Salander, et disons que, sans ces personnages plus grands que nature, on a beaucoup moins de plaisir à suivre une enquête qui ne cesse de se mettre les pieds dans une histoire trop grande et trop farfelue pour qu’on parvienne à véritablement y croire.

En plus, il est impossible de mettre la main sur la version originale puisque c’est la version doublée en Europe à laquelle on a eu droit au Québec. Du coup, on perd une bonne part de crédibilité, ce qui donne droit à des dialogues remaniés qui évoquent rapidement les mauvais feuilletons de fin d’après-midi.

C’est dommage, car le réalisateur Lasse Hallström n’est pas un petit nouveau dans le milieu. Avec des films comme Chocolat et The Cider House of Rules, il a maintes fois fait ses preuves, et d’un point de vue technique, on reconnaît grandement son expertise, puisqu’il démontre ici une grande aisance à glisser facilement d’un genre à l’autre, parvenant sans mal à passer de l’humour au drame jusqu’au grand suspense. Ainsi, par le biais d’une trame sonore d’ambiance qui sème agréablement le ton, composée par Oscar Faagelström, on est souvent émerveillé par les excellentes prises de vue de Mattias Montero, ceux aériennes notamment, qui prennent grandement avantage des paysages nordiques de la Suède.

Pour le reste, le récit s’étire inutilement et joue constamment la carte du prévisible en déjouant rarement nos attentes de spectateur. Les deux heures en paraissent bien plus longues et les revirements causent plus souvent des rires que des émotions. Du coup, entre les dialogues plaqués et les situations risquées, on éprouve bien peu de plaisir dans ce long-métrage, qui devait sûrement mieux se vivre sur papier que sur écran, d’autant plus que la conclusion pourrait difficilement être aussi peu satisfaisante. À cet égard, vous pouvez consulter notre critique fort élogieuse: labibleurbaine.com/lhypnotiseur-de-lars-kepler.

À milles lieux du plus ambitieux Prisoners de Denis Villeneuve, avec qui il partage quelques éléments, L’hypnotiseur demeure certes un polar respectable pour ceux qui ont aimé le style de Millénium ou qui ont l’habitude de dévorer des enquêtes qui ne vont guère au-delà de ce qu’on a l’habitude de voir.

Peut-être un peu plus risqué que la moyenne hollywoodienne et plus sanglant dans un certain sens, on doit toutefois admettre que, dans le genre et pour les esprits tordus, il n’y a encore rien ni personne qui bat au passage la justesse des Coréens. De quoi vouloir revoir sans plus tarder la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook plutôt que ce film mal barré avant que les Américains ne décident de nous sortir un remake encore plus raté.

«L’hypnotiseur» prend l’affiche dès aujourd’hui en salles au Québec.

 

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