«Le problème d’infiltration» de Robert Morin – Bible urbaine

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«Le problème d’infiltration» de Robert Morin

«Le problème d’infiltration» de Robert Morin

Les gouttes qui font déborder le vase

Publié le 29 août 2017 par Mathilde Renaud

Crédit photo : Philippe Bossé et www.kfilmsamerique.com

Certains diront que le dernier film de Robert Morin est le meilleur film québécois sorti ces dernières années. Eh bien, ils ont raison! C’est une production qui rejoint presque la perfection à plusieurs niveaux, notamment celui des acteurs, de la caméra, de la réalisation et de la mise en scène.

Robert Morin est un cinéaste qui sort constamment des sentiers battus. Certains de ses films figurent déjà parmi les classiques, comme Requiem pour un beau sans-cœur, Yes Sir! Madame et Le Nèg’. Avec Stéphane Crête comme seul acteur, il avait créé, l’an dernier, une véritable comédie intitulée Un paradis pour tous.

En ce moment, c’est l’un des plus prolifiques au Québec, et chacun de ses films nous surprend. Il nous livre ici un récit simple mais efficace et poignant.

Louis (Christian Bégin) est chirurgien et vit une vie aisée avec son épouse et son fils. Doué au travail manuel et même en cuisine, tout lui sourit, jusqu’au jour où tout bascule. Le spectateur assiste ainsi à la descente d’une âme se dirigeant tout droit vers l’enfer, et voilà qu’une fois le dernier plan terminé, on en veut encore.

Tourné entièrement en plan-séquence, le film bénéficie d’une mise en scène époustouflante. Les lumières se mettent de la partie en changeant d’intensité, donnant parfois l’impression d’être au théâtre. Elles viennent accentuer les sentiments des personnages, offrant ainsi un impact beaucoup plus grand à leurs actions. Les changements de luminosité sont parfois très subtils, comme dans la scène de la douche avec sa femme, Brigitte, et parfois un peu moins, comme la première scène du film où la montée dramatique est assez douce.

Inspiré de l’expressionnisme allemand, Morin accorde une importance incroyable aux ombres et aux effets de lumière. Cette importance est maîtrisée et parfois subtile, mais bien assez présente pour avoir un poids par rapport à l’histoire.

Il serait impossible de critiquer ce film sans mentionner la performance éblouissante de Christian Bégin. Grâce à Morin, il obtient son premier rôle principal au grand écran, tout en prenant soin de nous en mettre plein la vue. Tourner en plan-séquence, avec un personnage aussi intense, peut parfois être difficile, voire éprouvant pour un acteur, mais il réussit le défi haut la main. L’expérience qu’il possède en télévision et au sein de ses rôles secondaires fait en sorte que personne ne lui vole la vedette ici.

Le dernier plan-séquence du long métrage est sans aucun doute un plan marquant où le spectateur est laissé sur sa faim et où il devient facile de s’imaginer des dizaines de scénarios différents. Le long travelling arrière nous éloigne ainsi de Louis et de sa famille, terminant la production d’une façon saisissante en bouclant la boucle.

Le spectateur a eu la chance d’entrer dans l’univers de Louis et de vivre à ses côtés les pires heures de sa vie, mais lorsqu’il est sur le point de commettre (peut-être?) l’irréparable, la caméra nous éloigne, nous ramenant à notre propre vie…

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Par www.kfilmsamerique.com

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