«Tangerine» de Sean Baker présenté à Fantasia – Bible urbaine

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«Tangerine» de Sean Baker présenté à Fantasia

«Tangerine» de Sean Baker présenté à Fantasia

Cinéma indépendant 2.0

Publié le 16 juillet 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : Magnolia Pictures

Un iPhone 5S, une application à 7,99 $, une lentille anamorphique et une Steadicam bon marché: c’est tout ce dont Sean Baker aura eu besoin pour tourner son cinquième long-métrage, qui a fait un véritable tabac au festival Sundance en janvier dernier. Et, lui ayant permis de s’immiscer dans les profondeurs d’un Los Angeles truculent, authentique et probablement inédit au cinéma traditionnel, on peut dire que les techniques de tournage à micro-budget du cinéaste auront été bien plus qu’un simple stratagème médiatique.

Le film raconte une journée dans la vie de Sin-Dee Rella (Kitana Kiki Rodriguez), une fière prostituée transgenre au caractère corrosif. C’est la veille de Noël à Hollywood et, après un séjour de 28 jours derrière les barreaux, elle apprend de sa meilleure copine Alexandra (Mya Taylor) que son petit ami et proxénète, Chester (James Ransone de la série The Wire), se serait envoyé en l’air avec une autre fille – une fille «avec un vrai vagin», en plus! Profondément insultée, Sin-Dee sillonne furieusement les rues à la recherche de cette dernière, sur qui elle compte déverser toute la rage que ses talons hauts pourront supporter.

Présenté en première montréalaise dans le cadre du festival Fantasia mardi dernier, Tangerine est une comédie grinçante, sans complexes et profondément ancrée dans la réalité, s’élevant toutefois bien au-dessus des clichés du cinéma dit naturaliste. La facture visuelle peut facilement rivaliser avec celle d’œuvres tournées sur pellicule ou avec des caméras à plusieurs milliers de dollars, si bien qu’on oublie assez tôt le facteur «iPhone», un détail qui se fait plutôt petit une fois le scénario bien établi.

 

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Mettant en vedette un duo d’actrices transgenres avec autant d’attitude que les plus flamboyantes des Beyoncé de ce monde et autant de charme qu’une Jennifer Lawrence sur stéroïdes, le film ne défie pas seulement des conventions technologiques. Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor, apparaissant toutes deux pour la première fois au grand écran, sont non seulement hilarantes, mais aussi remarquablement touchantes. Une fois le train Caitlyn Jenner passé, voilà celui qu’il ne faut absolument pas manquer.

En définitive et au-delà de toutes ces qualités, Tangerine est l’incarnation du cinéma indépendant dans tout ce qu’il a de plus actuel. Suivant la révolution du numérique, Sean Baker prouve une fois pour toutes que la reconnaissance est accessible à quiconque possède la passion et l’ambition nécessaires, qu’importent les moyens financiers. Comme l’a si bien déclaré Mark Duplass lors d’une récente conférence au festival SXSW, il n’y a plus d’excuse pour ne pas passer ses week-ends à tourner des films à trois dollars avec ses meilleurs amis.

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