«Zoom sur un classique»: Memento de Christopher Nolan – Bible urbaine

CinémaZoom sur un classique

«Zoom sur un classique»: Memento de Christopher Nolan

«Zoom sur un classique»: Memento de Christopher Nolan

Pour mieux se préparer à sa nouvelle oeuvre: Tenet

Publié le 2 septembre 2020 par Mathilde Renaud

Crédit photo : Image provenant de l'oeuvre « Memento » de Christopher Nolan

C’est en 2000 qu’est sorti Memento, le second long métrage de Christopher Nolan. Vingt ans plus tard, le réalisateur émérite n’a plus besoin de faire ses preuves: il est déjà sur toutes les lèvres! Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma britannico-américain qui a su marquer son époque et qui est toujours sur sa lancée par ailleurs. Dans Memento, récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original, il nous présente sa fascination pour deux thèmes qu'il affectionne tout particulièrement: le temps et la mémoire. Certains diront que ce long métrage ne peut pas – tout de suite – être qualifié de «classique» à proprement dit, mais croyez-moi, il le deviendra un jour. Zoom sur un classique qui impose ses règles narratives et qui marque le début d’une grande carrière.

Leonard Shelby (Guy Pearce) a survécu à un traumatisme crânien qui lui a coûté sa précieuse mémoire. Souffrant d’une amnésie antérograde, Leonard ne se souvient de rien après l’incident (qui aurait aussi été la cause du meurtre de sa femme…) Avec ses nouvelles facultés affaiblies, il décide donc de partir à la recherche du coupable.

Prenant des clichés Polaroïd des endroits qu’il visite et des personnes qu’il rencontre sur son passage, Leonard comprendra bien vite qu’il ne peut faire confiance à personne, ni à lui-même!

Réflexion et expérience

Ce que Christopher Nolan présente aux spectateurs, c’est une expérience. Il tente en effet du mieux qu’il peut, à l’aide des miracles du montage, de mettre le spectateur dans la peau de Leonard en ne montrant volontairement qu’une parcelle des évènements qui ont eu lieu.

Ainsi, morceau par morceau, le public peut recréer la succession d’évènements vécus par Leonard de Z… à A! Ce que le réalisateur propose, en gros, c’est une histoire non-chronologique où tout est compris dans les derniers instants du film.

Mais Nolan propose bien plus que cela. Avec le sujet de la mémoire au centre de son oeuvre, le réalisateur invite l’auditeur à réfléchir aux souvenirs et aux perceptions que nous avons sur le monde et sur ceux qui nous entourent.

Dans Memento, Leonard ne peut pas réellement faire confiance à son entourage. En effet, ceux qu’il côtoie peuvent profiter de son défaut mémoriel et se faire passer pour quelqu’un d’autre afin de mieux profiter de lui. Cependant, il réussit tout de même à trouver des trucs qui lui faciliteront la tâche. De fait, il développe l’habitude de prendre des clichés Polaroïd afin d’indiquer des notes et des commentaires sur ce qui l’entoure. Il possède aussi, sur sa peau, de nombreux tatouages qui contiennent des éléments importants sur son enquête.

Malheureusement, il devient peu à peu lui-même son pire ennemi…

Brad Pitt, Alec Baldwin puis… Guy Pearce!

Eh oui! Pitt et Baldwin ont été reluqués par Christopher Nolan afin d’interpréter le rôle principal de son premier long métrage, mais l’honneur est finalement revenu à Guy Pearce, puisqu’il a démontré énormément d’enthousiasme à l’idée d’interpréter le personnage de Leonard Shelby. Pearce obtient ainsi le contrat et doit alors endosser ce rôle assez particulier.

Le jeu de Guy Pearce doit être impulsif, puisque son personnage l’est complètement. Il est sans cesse confronté à de nouveaux éléments et doit toujours se rappeler le passé à l’aide de ses clichés et de ses notes. Son personnage n’évolue donc pas tout à fait comme ceux auxquels nous sommes habitués.

Attention, divulgâcheur en vue: le meilleur exemple reste celui où Natalie se fâche après lui et l’insulte, Leonard est en furie sur le moment et il cherche à tout prix un crayon afin de noter ce qu’il vient de se passer. Mais quelques instants après, il oublie et Natalie revient en mentant sur la provenance de ses blessures…

Cette scène montre bien que le protagoniste revient toujours à la case départ lorsqu’il est question de ses sentiments. L’acteur doit donc jouer différentes émotions, et ce, sur une courte durée. Il n’y a pas d’évolution à long terme, et Pearce maîtrise parfaitement ce détail. Ça n’a pas dû être un rôle simple à endosser, comme Leonard ne se souvient de rien.

Tenet et les failles temporelles

Vingt ans après Memento, Nolan produit, scénarise et réalise Tenet, un drame de science-fiction aux allures de film d’espionnage. Dans ce récent film, le protagoniste doit tenter d’annuler une fin du monde programmée par les générations futures.

Des scènes d’action spectaculaires et des images impressionnantes où se côtoient le passé et le présent sont au rendez-vous!

Nolan prouve au public, et à (quelques) cinéphiles, qu’il maîtrise l’art de la réalisation de récits complexes. Et sa monteuse, Jennifer Lame, quant à elle, prouve qu’elle sait parfaitement bien gérer les complexités et les fantasmes temporels du cinéaste.

Toutefois, je me permets un simple conseil lors du premier visionnement de Tenet si vous désirez saisir l’essentiel du scénario: soyez attentifs, très attentifs. Les détails sont nombreux et les explications ne sont pas nécessairement répétées. Car sinon: «Il ne faut pas chercher à comprendre, il faut ressentir».

Ces mots, prononcés par Clémence Poésy dans Tenet, ne pourraient pas mieux décrire l’état d’écoute dans lequel le spectateur devrait se retrouver à l’écoute de ce film.

De Memento à Tenet : une évolution inversée

Dans les deux œuvres présentées ci-dessus, Nolan utilise le temps ainsi que la narration afin de présenter ses récits complexes. Dans Memento, c’est l’entière chronologie qui constitue la particularité du film, et c’est cet effet inversé, qui n’est pas habituel pour le spectateur, qui en fait une œuvre vraiment unique.

Sur certaines éditions DVD ou Blu-Ray, Christopher Nolan propose de regarder l’oeuvre dans sa version «chronologique». Inutile de vous dire que le fait de choisir cette version plutôt que l’originale gâche tout le plaisir! C’est tout de même une expérience intéressante et enrichissante pour ceux qui souhaitent comparer les deux versions et aussi l’effet qu’elles ont sur les spectateurs.

Pour Tenet, c’est à la fois les effets spéciaux et les sections (parce que ce n’est pas l’image au complet, mais seulement quelques éléments) en inversé qui se mélangent à la ligne du temps complexe de l’œuvre et qui retiennent notre regard et notre esprit. Bien sûr, ces effets remarquables n’auraient pas été aussi impressionnants sans l’immense budget que Nolan possède désormais pour tous ses films. Mais peu importe, l’image qui en ressort est remarquable. 

Certains diront que Christopher Nolan «complique tout pour rien», alors que d’autres le défendront avec ferveur. Dans tous les cas, voilà un cinéaste qui a su marquer sa génération actuelle, et force est d’admettre que ses prouesses technologiques et narratives demeureront des exemples importants pour de nombreux cinéastes à venir.

Pour les intéressés, Tenet est présentement à l’affiche dans un cinéma près de chez vous!

Pour consulter nos précédentes chroniques «Zoom sur un classique» et ainsi avoir votre dose bihebdomadaire de septième art, suivez le labibleurbaine.com/Zoom-sur-un-classique.

«Memento» de Christopher Nolan en images

Par «Memento» de Christopher Nolan en images

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