«Zoom sur un classique»: Rear Window d'Alfred Hitchcock – Bible urbaine

CinémaZoom sur un classique

«Zoom sur un classique»: Rear Window d’Alfred Hitchcock

«Zoom sur un classique»: Rear Window d’Alfred Hitchcock

Le suspense par excellence dans un huis clos

Publié le 28 mai 2019 par Mathilde Renaud

Crédit photo : Image provenant de l'oeuvre «Rear Window», réalisée par Alfred Hitchcock

Il y a 65 ans, Rear Window voyait le jour. Réalisée avant Psycho et The Birds, cette œuvre du grand Alfred Hitchcock a prouvé à tous que ce cinéaste était capable d’accrocher n’importe quel type de spectateur. Aidé par l’un de ses acteurs fétiches, James Stewart et accompagné de Grace Kelly, Hitchcock réussit à créer un récit dans un huis clos, mais où un univers entier apparait à travers une simple fenêtre. Dans un voisinage où tout semble banal, un cri va semer le doute dans l’esprit du protagoniste, et celui-ci observera ses voisins jour et nuit. Zoom sur un classique qui regorge de détails et où chacun de ceux-ci a son importance...

Le photographe professionnel L.B Jefferies (appelé simplement «Jeff» et interprété par James Stewart) se repose dans son appartement suite à un accident qui lui a fracturé une jambe. Confiné dans un fauteuil roulant, Jeff observe ses nombreux voisins grâce à la canicule qui les oblige à ouvrir leurs fenêtres et rideaux. Sa copine Lisa (Grace Kelly) et l’infirmière à domicile Stella (Thelma Ritter) viennent le visiter souvent.

Un soir, Jeff entend une femme crier et remarque alors les comportements pour le moins étranges de l’un de ses voisins. Malgré le fait qu’il soit cloîtré chez lui, il tentera d’élucider, enfermé chez lui, avec l’aide de Stella, Lisa et d’un détective, les agissements curieux de son voisin, pour et ainsi aider à résoudre un possible meurtre…

Une ouverture rigoureuse et précise

La séquence d’ouverture de cette œuvre, étudiée maintes fois par une horde d’étudiants, de cinéphiles et de chercheurs, présente de manière détaillée plusieurs éléments importants pour la suite du récit. Dès le générique d’ouverture, la caméra passe à travers une fenêtre et nous présente les alentours du huis clos. La sueur sur les tempes de Jeff et un gros plan sur un thermomètre nous permettent de comprendre l’importance de la canicule sur le récit. Cela justifie bien évidemment l’ouverture des fenêtres et des rideaux!

Puis la caméra s’attarde sur les différents voisins que les spectateurs reverront plus tard. En quelques secondes, on nous présente d’emblée le personnage principal. On remarque son nom, sa blessure, ses appareils photo, de même que ses œuvres photographiques.

Le voyeurisme au cœur du récit

Le thème du voyeurisme est présenté efficacement en quelques secondes, sans qu’aucun mot n’ait été prononcé. Et c’est justement ce qu’e voulu Alfred Hitchcock: il impose aux spectateurs de devenir «voyeurs» à leur tour, et ce, en même temps que Jeff. Celui qui regarde se trouve donc dans la même situation que le protagoniste, c’est-à-dire enfermé dans un appartement et devant utiliser ses yeux et son imagination pour se désennuyer.

Le voyeurisme est une forme de curiosité morbide où le voyeur se retrouve à vouloir voir même si celui-ci sait qu’il ne devrait pas être témoin. Cette curiosité peut parfois être bénéfique, et une scène spécifique dans cette œuvre prouve les bons et les mauvais côtés du voyeurisme.

En effet, lorsque Lisa se rend à l’appartement du suspect, Jeff ne peut s’empêcher de l’observer et de suivre son cheminement, même si la voisine d’à côté menace de se suicider. Jeff choisit d’appeler la police pour qu’elle intervienne auprès de Lisa et du suspect, et non auprès de l’autre voisine. D’un côté, sa curiosité lui aura permis de sauver Lisa, mais au détriment de celle qui désire commettre un suicide.

Le maître du suspense controversé: Alfred Hitchcock

Connu et reconnu par tous les cinéphiles, Alfred Hitchcock est, encore aujourd’hui, le plus grand maître du suspense. Sa rigueur remarquable et son souci du moindre détail dans les scénarios ont toujours permis la présence de revirements de situation que personne n’a vue venir. Psycho et The Birds sont incontestablement ses deux plus grands titres, mais Rear Window propose une montée en suspense au sein d’un huis clos qui régale les nombreux fans du réalisateur et qui figure, par ailleurs, parmi les cent meilleurs films de l’American Film Institute…

Plusieurs personnalités contemporaines l’ont pourtant critiqué pour les représentations qu’il faisait de la femme. Certains ont soutenu qu’elles étaient ici représentées comme des «femmes objets», présentes seulement pour satisfaire le regard masculin. D’autres ont émis des commentaires spécifiant que son traitement visuel face aux actrices était travaillé et réfléchi pour que la femme soit vue comme une œuvre d’art qui, encore une fois, doit plaire à l’homme.

Encore controversé aujourd’hui pour le traitement difficile et éprouvant qu’il réservait à ses actrices féminines, Alfred Hitchcock a tout de même marqué de nombreuses générations de cinéastes. Même les plus grands réalisateurs de films noirs modernes n’arrivent pas à la cheville de son génie! À lui seul, il a réussi à créer une méthode de tournage et d’écriture, un genre entier et un traitement unique des images et des personnages.

Pour consulter nos précédentes chroniques «Zoom sur un classique» et ainsi avoir votre dose bihebdomadaire de septième art, suivez le labibleurbaine.com/Zoom-sur-un-classique.

«Rear Window» d'Alfred Hitchcock en images

Par Image provenant de l'oeuvre «Rear Window», réalisée par Alfred Hitchcock

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