«Autopsie d’une femme plate» de Marie-Renée Lavoie – Bible urbaine

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«Autopsie d’une femme plate» de Marie-Renée Lavoie

«Autopsie d’une femme plate» de Marie-Renée Lavoie

La lumière de la séparation

Publié le 16 juillet 2017 par Marie-Michèle Martel

Crédit photo : XYZ éditeur

Personne ne peut affirmer avec certitude qu’une séparation n’est pas douloureuse. Peu importe le temps qu’a duré la relation, chaque personne vit sa douleur différemment. À l’aube de leurs 25 ans de mariage, Jacques laisse Diane: il aime quelqu’un d’autre. Diane ne comprend pas comment il peut balayer leur vie de famille aussi facilement. Autopsie d’une femme plate raconte comment Diane vivra cette séparation. Un récit qui dépasse la tristesse pour faire place à la lumière.

Si cette trame de fond semble assez clichée, le traitement qu’en fait Marie-Renée Lavoie ne l’est pas du tout. Dès le départ, Autopsie d’une femme plate est intéressant parce qu’il met en scène une femme de plus de 50 ans avec un horaire routinier et pour qui la vie de famille est sacrée. Le lecteur sort donc de sa zone de confort où une jeune trentenaire sans enfants cherche l’amour.

Et pourtant l’âge du personnage principal, Diane, ne devrait pas rebuter les lecteurs plus jeunes. Au contraire, à son contact, le lecteur se reconnaîtra davantage. Diane ne passe pas son temps à insulter Jacques ou à le poursuivre de façon hystérique.

Elle navigue plutôt dans son quotidien avec espoir et amour. Elle vit une peine d’amour ordinaire et c’est là, la beauté de ce livre. En étant ordinaire, il flirte avec l’extraordinaire.

Comme nous tous, quand sa séparation survient, Diane devra réapprendre à vivre seule. Elle découvrira ce qu’elle aime vraiment, ce à quoi elle tient et comment organiser son univers maintenant qu’elle est seule. Elle découvrira comment elle est, ses valeurs profondes et apprendra à s’affirmer. Même si le lecteur ne sait pas vraiment comment était Diane avec Jacques, il se doute qu’elle n’allait pas au fond de ses envies. Elle flânait dans son quotidien, entourée de sa famille et ça la satisfait complètement. Maintenant, elle veut plus. Elle apprendra à ne pas se laisser marcher sur les pieds, notamment par des bruits de jardinage envahissants. Elle veut pouvoir prendre le temps de faire les choses à sa façon.

L’écriture de l’auteure n’est pas dramatique et n’est pas hantée par des pensées dépressives. Le texte est lumineux et léger. Le lecteur côtoie une Diane forte et emplie d’espoir, et non une personne qui ferait les pires absurdités pour attirer l’attention de son ex. Il ne faut pas croire que le quotidien et l’«ordinaire» sont ennuyeux. En fait, il faut plutôt les voir comme une véritable porte vers l’authenticité. Voilà ce que nous propose Lavoie: une séparation authentique. L’authenticité plaît. Qui pourrait dire le contraire? 

Écrit à la première personne, Autopsie d’une femme plate respire d’actualité. Diane s’exprime de façon universelle, c’est-à-dire que les lecteurs de tous âges peuvent s’y identifier. Sans fioritures, la narration ne se distingue pas par son originalité… à l’image de la femme «plate» qu’est Diane. Il faut tout de même souligner la fluidité du texte qui en fait un roman parfait pour la saison estivale. Sans être un page turner, cette nouveauté de Marie-Renée Lavoie offre le confort d’un bon roman.

La forme est à l’image de la narration. Tout en étant fluide, elle n’est pas ennuyante. Le lecteur voyage dans les mois de la vie de Diane avec aisance. La lecture est d’autant plus facile, car les chapitres reposent sur un bel équilibre entre la tendresse et l’humour.

Vous aimerez Autopsie d’une femme plate. Si Diane était plate au moment d’être en couple, elle ne l’est plus maintenant qu’elle est séparée. Elle est amusante, chaleureuse, vraie, sensible. Elle est une amie, une maman et surtout, une femme. Le lecteur aura envie de la prendre dans ses bras et de lui dire que tout va bien aller.

Un incontournable pour passer la saison estivale en bonne compagnie, ce roman s’accompagnera bien d’un verre de vin ou même d’un verre de bulles. À sa lecture, le lecteur se sentira en terrain connu, comme si Diane avait toujours été là. Il ne pourra déposer ce livre sans être impatient de lire le prochain chapitre. Le lecteur doit donc se préparer à tomber amoureux et à vivre, à son tour, une séparation lorsqu’il fermera le livre de l’auteure.

Une séparation heureuse, car il saura que Diane a trouvé l’équilibre qu’elle cherchait tant.

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de la rédaction

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