«Et si la beauté rendait heureux?» de Pierre Thibault et François Cardinal – Bible urbaine

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«Et si la beauté rendait heureux?» de Pierre Thibault et François Cardinal

«Et si la beauté rendait heureux?» de Pierre Thibault et François Cardinal

Plaidoyer pour une architecture harmonieuse

Publié le 22 janvier 2017 par Audrey Neveu

Crédit photo : Éditions La Presse

Un lieu harmonieux peut-il rendre heureux? C'est l'idée qu'explorent ensemble l'architecte Pierre Thibault et le journaliste François Cardinal dans Et si la beauté rendait heureux?, publié aux Éditions La Presse. Au fil de leurs discussions, ces passionnés d'architecture font rêver à un monde où le souci de l'harmonie prime sur les bêtes considérations techniques et économiques.

Ce petit livre blanc, élégant, aux coins arrondis, est parsemé de dessins à l’aquarelle de Pierre Thibault, son médium de prédilection. Rien que l’objet annonce l’amour des auteurs pour le beau: on en sera absolument persuadé au bout de ces 200 pages rapidement lues.

Pour faire voyager le lecteur, Pierre Thibault et François Cardinal se rencontrent dans cinq lieux chers au cœur de l’architecte. On visite notamment les Abouts, une magnifique maison de verre et de verdure conçue pour un couple de collectionneurs d’art de Montréal, l’Abbaye des moines cisterciens d’Oka, probablement le sanctuaire religieux le plus paisible et lumineux de la province, ou encore la Confiserie, la maison de Pierre Thibault dans Hochelaga-Maisonneuve installée dans une ancienne usine de réglisse.

Le livre aurait pu s’appeler «Lettre aux élus» ou «Plaidoyer pour la beauté», et cela donne bien le ton au livre. Il s’agit en fait d’un grand cri du cœur des auteurs pour une meilleure conception des bâtiments privés, mais surtout publics, afin de mettre l’humain en harmonie avec la nature. La potentielle joie de vivre dans un beau lieu, lumineux, inspirant, ne doit pas être mise de côté pour quelques milliers de dollars à économiser. C’est malheureusement trop souvent la logique comptable qui est appliquée lorsque vient le temps de concevoir une ville ou un bâtiment. Pierre Thibault et François Cardinal unissent leur voix pour faire penser différemment.

La sincérité de leur démarche se sent, particulièrement lorsqu’ils abordent la conception des écoles, qui pourraient être radicalement différentes des quasi-prisons brunes et grises dans lesquelles enfants et adolescents passent toute leur semaine. Les auteurs se rendent même à Copenhague au Danemark, pays d’inspiration suprême, pour illustrer à quel point la ville peut être conçue autrement. Les écoles sont dans une classe à part: pas de pupitres où les enfants sont obligés de s’asseoir pendant des heures, pas de cris et de frustration, mais plutôt des classes-théâtre, de la végétation à l’intérieur, des salles de jeu et de cuisine. On se prend à rêver à de telles écoles pour nos petits Québécois.

Bien que les aquarelles de Pierre Thibault soient magnifiques, on aurait voulu des photos dans ce livre qui nous vante tant les vertus de la beauté des bâtiments, ne serait-ce que pour se les figurer. Peut-être les auteurs n’ont-ils pas voulu imposer une seule forme de beauté architecturale, mais pour le lecteur, il peut être parfois difficile de s’imaginer les bâtiments que l’on évoque. Quelques photos auraient pu satisfaire cette soif de voir. À moins que ce ne soit précisément le but des auteurs que de pousser le lecteur à imaginer.

Ce petit livre se dévore rapidement et ouvre une fenêtre sur un monde où tous les lieux créeraient une harmonie entre ceux qui l’habitent et la nature. Il fait rêver, ce qui n’est pas une mince tâche en cette époque cynique. Pierre Thibault et François Cardinal devraient offrir leur livre à la classe politique. Si la graine qu’ils sèment peut germer dans l’esprit de quelques élus, elle aurait des conséquences bénéfiques pour tous.

«Et si la beauté rendait heureux?» de Pierre Thibault et François Cardinal, Éditions La Presse, 208 pages, 26,95 $.

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