«La bouche pleine», le premier roman d’Elisabeth Massicolli – Bible urbaine

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«La bouche pleine», le premier roman d’Elisabeth Massicolli

«La bouche pleine», le premier roman d’Elisabeth Massicolli

Une histoire qui entraîne l’introspection

Publié le 3 novembre 2020 par Jessica Samario

Crédit photo : Tous droits réservés @ Québec Amérique

La société change rapidement, s’adaptant aux nouvelles technologies, aux tendances et aux mouvements collectifs. Ainsi, elle suit les courants de pensée qui tendent vers le progrès ou l’entropie. Parfois, elle nous fait réfléchir sur nous-mêmes, sur les autres, sur notre rôle à jouer. Dans cet ordre d’idées, le roman La bouche pleine, écrit par Elisabeth Massicolli, s’inscrit dans ce bassin de remises en question identitaires, qui rejoint chaque génération.

Une carrière prometteuse

Journaliste, autrice et féministe, Elisabeth Massicolli commence sa carrière en rédigeant pour les magazines ELLE Québec et Clin d’œil, pour lesquels elle a été rédactrice en chef des sections culture et société, ainsi que Véro et La Gazette des femmes. Elle est également connue pour son recueil de poésie collectif Nos plumes comme des armes, paru en 2017.

De nature passionnée, elle a ensuite plié bagage pour vivre de sa plume en Italie. C’est lors de ce grand voyage qu’elle a écrit son premier roman, La bouche pleine, publié en septembre dernier aux Éditions Québec Amérique. 

Face au miroir

Camille, la protagoniste de ce roman, vit dans un perpétuel état d’anxiété qui la suit dans toutes ses mésaventures, que ce soit au bureau, sur la route, dans ses nombreux rendez-vous sans lendemain ou encore dans son amitié profonde avec Julianne.

Cette angoisse de ne pas réussir sa vie comme elle le voudrait imbibe tout le reste. Ses tourments la rendent égocentrique malgré elle, bien que ses efforts pour prendre les bonnes décisions soient sincères. Elle n’arrive pas à prendre soin de ceux qu’elle aime, puisqu’elle peine à trouver son propre chemin.

Elle noie donc ses angoisses en multipliant les soirées arrosées, qui se terminent souvent dans le lit d’un inconnu avec qui elle n’a rien en commun. Le cercle vicieux dans lequel elle nage à en perdre le souffle la rend dépendante: dépendante d’attention, dépendante d’affection, dépendante des réseaux sociaux. Ces réseaux sociaux enveniment la perception de sa vie à force de se comparer aux autres, l’invitent dans un univers de rencontres faciles et nuisent à sa productivité.

Chaque fois qu’elle a une minute de libre, elle se perd dans les publications dénaturées d’Instagram ou dans les tonnes de profils sur Tinder. N’est-ce pas la réalité de la plupart des jeunes en 2020? Elle se retrouve donc face au miroir, et prend conscience de ses choix et de ses actions. À travers ses états d’âme désabusés et ses lendemains de veille brumeux, elle surmonte les obstacles et apprend de ses erreurs.

Plusieurs croiraient que son histoire se termine mal, mais personnellement, je trouve qu’elle se termine plutôt bien, considérant qu’elle trouve enfin sa liberté et écoute ses vrais besoins plutôt que de combler un vide avec des illusions. Malgré sa tendance à négliger son entourage, Camille est un personnage attachant, évoquant des préoccupations courantes.

En quête de réponses

Parsemée de touches humoristiques et de dialogues coup de poing, tels que: «Toute tourne pas toujours autour de toi […] Tu comprendrais peut-être si tu ditchais pas tes amis la seconde qu’y a un gars qui te donne deux cennes d’attention […] Mais tsé quoi: pendant que t’obsèdes sur ta vie donnnnnc beeeen difficile, y a d’autres choses qui se passent dans l’univers», cette histoire apporte un sentiment de bien-être, nous faisant réfléchir sur notre propre situation.

Les réseaux sociaux nous empêchent-ils d’être productifs, de réaliser des projets? Est-on satisfait de notre choix de carrière? Nos décisions représentent-elles nos désirs ou plutôt un sentiment d’obligation? Nos relations sont-elles authentiques? Néglige-t-on nos proches en étant trop centré sur soi? Est-on seulement heureux? Camille nous entraîne dans cette introspection parfois difficile, mais nécessaire! 

Somme toute, La bouche pleine est un roman qui peut se lire d’un trait. Il apporte du réconfort et nous accompagne dans nos réflexions sur la société, sur nos relations et sur nous-mêmes. Sans nul doute, Elisabeth Massicolli est une nouvelle autrice à suivre!

La bouche pleine d’Elisabeth Massicolli, Québec Amérique, septembre 2020, 176 pages, 22, 95 $.

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