«La sirène» de Camilla Läckberg – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«La sirène» de Camilla Läckberg

«La sirène» de Camilla Läckberg

Oeil pour oeil, dent pour dent

Publié le 6 septembre 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Sud

Sixième volet consacré aux enquêtes d’Erica Falck, La sirène est le roman policier le plus abouti de Camilla Läckberg, qui a connu un énorme succès en Suède et à l’étranger depuis la parution de ses excellents polars, à savoir La princesse de glaces 2008), Le prédicateur (2009), Le tailleur de pierre (2009), L’Oiseau de mauvais augure (2010), L’Enfant allemand (2011) et Cyanure (2011). L’auteure d’origine suédoise plonge cette fois-ci le lecteur dans l’atmosphère frisquette de Fjällbacka, en Suède, où un crime crapuleux a été commis sur la personne de Magnus Kjellner.

Une nuit, un homme disparaît sans laisser de traces. Son cadavre, atrocement boursoufflé par la violence des eaux, est retrouvé trois mois plus tard par le chien d’un vieillard sous une immense couche de glace. L’inspecteur de police Patrick Hedström ainsi que ses coéquipiers Gösta, Paula, Annicka et Martin sont rapidement dépêchés sur les lieux du crime. Très vite, le meurtre de Magnus Kjellner prend des proportions démesurées puisque les amis de la victime, Christian Thydell, Erik Lind et Kenneth Bengstton avouent aux policiers recevoir depuis belle lurette des lettres de menaces dont ils ignorent la provenance. Et, depuis que Christian a remporté un succès considérable avec son roman La sirène, rien ne va plus; les menaces se font de plus en plus régulières et certains d’entre eux connaîtront même de terribles épisodes où leur vie sera menacée. Qui a assassiné Magnus Kjellner? Qui peut bien vouloir du mal à ces trois pères de famille dont la vie semble, à première vue, bien rangée? À moins qu’un malencontreux incident ait eu lieu durant leur enfance et qu’ils se gardent d’en dévoiler le secret…

Enceinte de jumeaux, Erica Falck n’occupe qu’un rôle secondaire dans ce septième roman pour adultes. C’est désormais son mari Patrick Hedström qui tient les rênes de cette nouvelle aventure plus intrigante que jamais où manigances, secrets et meurtres crapuleux noircissent la vie de personnages en apparence inoffensifs. Évidemment, la force d’une auteure telle que Camilla Läckberg est de distiller avec brio les indices au fil des chapitres en ne révélant qu’une infime partie du mystère. Habilement, l’écrivaine use abusivement de la troisième personne du singulier afin de déguiser momentanément un personnage connu ou inconnu du lecteur dans le but précis d’auréoler de brouillard l’histoire en court. Ici, son style d’écriture découle davantage d’auteurs de bestsellers reconnus internationalement dont Dan Brown et Jean-Christophe Grangé. Les chapitres sont toujours très courts, et les chutes, toujours aussi percutantes. Sur ce point, la forme narrative ressemble de près à celle, minutieusement préparée, des téléséries américaines fantastiques Lost et The Walking Dead.

Contrairement à Lotte et Soren Hammer, Lars Kepler ou Stieg Larsson, des auteurs de polars d’Europe de l’Est également publiés chez Actes Sud, Camilla Läckberg possède un style bien à elle et grâce auquel elle peut faire vivre les histoires les plus atroces à ses personnages, qui ne sont ni plus ni moins que des marionnettes sans cordes. Le style incisif de l’auteure et l’ambiance glauque de Fjällbacka font de ce nouveau roman policier, qui gagnerait à être adapté au grand écran, l’un des plus réussis à ce jour.

À noter que le premier roman de Camilla Läckberg, La princesse des glaces, sera réédité en format poche dans la collection Babel noir en septembre 2012.

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